ANONYME FLAMAND, "L’Annonciation"

L’Annonciation

Huile sur bois. Hauteur 109 cm. Largeur 90 cm.
Historique : Classée à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1905.
Dépôt de l'église Saint-Michel de Bordeaux en 1967. 

La scène se déroule dans un intérieur où sont visibles un lit à baldaquin et une banquette recouverte de coussins, placée devant une fenêtre géminée. Au premier plan à droite, la Vierge richement vêtue se tient agenouillée devant un meuble bas sur lequel est posé un livre ouvert. Elle interrompt sa lecture à l’arrivée d’une cohorte d’anges dont l’un d’eux tient la lourde chape de brocart d’or de l’archange Gabriel. Dans la partie supérieure du tableau, la colombe symbolisant le Saint Esprit vole à la verticale d’un vase, posé au sol, contenant une branche de lys blanc.
 
L’Annonciation ou la Salutation Angélique est considérée par de nombreux chrétiens comme un événement fondateur de leur religion. C’est l’origine de la vie humaine du Christ dont la naissance est annoncée par l’archange Gabriel à Marie qui portera l’enfant tout en restant vierge.  Cet épisode précède la Visitation de la Vierge à sa cousine Elisabeth, enceintes respectivement du Christ et de Jean-Baptiste. Cette rencontre est visible à travers la fenêtre, dans le paysage de l’arrière-plan, suivant ainsi la tradition iconique de simultanéité de deux épisodes successifs sur une seule peinture.
 
Dans notre œuvre, Marie est surprise pendant sa lecture des Saintes Ecritures. Le Livre est ouvert sur une planche enluminée où  l’on peut reconnaître Moïse recevant les tables de la Loi. Cette activité intellectuelle est typique des Annonciations occidentales et contraste avec les représentations byzantines où Marie puise de l’eau ou tisse. Elle répond aux traités de dévotion apparus autour de 1400 qui stipulent que la Vierge méditait sur les textes saints et possédait donc la sagesse divine.
 
Gabriel est vêtu d’une aube et d’une chape brodée d’orfrois, représentant les prophètes de l’Ancien Testament, et joint sur la poitrine par un fermail d’orfèvrerie. Il tient un sceptre d’or, attribut qui s’est peu à peu substitué au bâton du messager, héritage mythologique de Mercure messager des dieux. Il est accompagné d’une  exceptionnelle cohorte d’anges. Ce détail nous permet de resituer l’œuvre dans le temps. En effet, c’est à partir du Concile de Trente (1545-1563) qu’apparaît « cette multiplication des anges » (Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien), jusqu’alors les compagnons de Gabriel ne sont jamais plus de trois.
 
Cette oeuvre est à rapprocher de nombreuses répliques conservées entre autres au Musée national du Moyen Age-Hôtel de Cluny, au Musée du Berry de Bourges ou au Musée des Beaux-Arts d’Orléans, mais rien ne permet aujourd’hui d’en connaître leur chronologie ou leur(s) auteur.
Image de"L'annonciation"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L.Gauthier

Image de"L'annonciation"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L.Gauthier