Benjamin WEST, "Jérémie voit une branche d’amandier fleurie" et "Les Lèvres d’Isaïe purifiées par le feu

(Springfield (Pennsylvanie), 1738 – Londres, 1820)

Jérémie voit une branche d’amandier fleurie

et
 

Les Lèvres d’Isaïe purifiées par le feu

Vers 1782
Signé et daté en bas à gauche : B. West 1782
Huile sur toile.
Hauteur 93 cm. Largeur 36 cm chacune.
Historique : Achats de la Ville, 1967.

Ces deux tableaux sont des études préparatoires. La première peinture montre le jeune prophète Jérémie surpris par l’irruption d’un ange lui offrant une branche d’amandier fleurie. Au-dessus d’eux, un couple de putti enlacés vole dans les nuées. Le second tableau présente Isaïe, assis devant un meuble et tenant un rouleau dans sa main gauche. Le prophète lève la tête et la main droite en direction d’un ange qui, placé au-dessus de lui, va purifier ses lèvres avec un charbon ardent et lui montre le ciel.
Les thèmes de ces deux études proviennent de l’Ancien Testament. Le premier renvoie au Livre de Jérémie (1, 9-12) et à la vocation du prophète : Le jeune Jérémie, fils du prêtre Helcias, entendit la parole divine pour la première fois. Dieu lui donna alors la parole pour propager son message et lui présenta une branche d’amandier pour lui témoigner du pouvoir du Verbe.
Le second thème provient du 6èmechapitre (5-8) du Livre d’Isaïe et illustre aussi la vocation du second grand prophète. Ce dernier eut la vision de Dieu, assis sur un trône céleste en compagnie de six séraphins. Isaïe fut terrifié par cette apparition car il était un homme impur. Mais un séraphin prit une braise sur l’autel avec des pincettes et purifia les lèvres du prophète. Sur ordre de Dieu, Isaïe prophétisa alors la ruine d’Israël à cause du relâchement moral des Hébreux.
 
Le format oblong réduit la composition à une scène sans profondeur où figurent les anges et les prophètes vus da sotto in su (« de dessous vers le haut »). La simplicité, la piété et la rigueur de la morale, si chères à la théologie anglicane, s’accompagnent d’une émotion et d’un mouvement héritiers du baroque romain dont témoignent les versions définitives au chromatisme appuyé.
 
Peintre d’histoire de George III, Benjamin West reçut à ce titre la commande de la décoration de la chapelle privée du roi, au château de Windsor. Le programme d’ensemble concernait L’Histoire de la Religion révélée et comprenait notamment un triptyque destiné au maître-autel : le tableau central devait représenter Moïse recevant les Tables de la Loi et être encadré par les prophètes Isaïe et Jérémie. Le Bristish Museum possède un dessin pour Jérémie et le Musée de Bordeaux ces deux études préparatoires pour les deux volets latéraux.
Cette commande, une des plus importantes de la Couronne anglaise avec vingt-six toiles, fut interrompue en 1801. La maladie empêcha la construction de la chapelle et les peintures ne furent jamais apportées au château. A la mort de West en 1820, les séries peintes furent dispersées. Les Lèvres d’Isaïe purifiées par le feu fait partie des douze œuvres actuellement connues, dont sept appartiennent à la chapelle du « Mémorial de la Guerre » à Bob Jones University (Etats-Unis, Caroline du Sud). L’église Saint-Martin de Laugharne, au Pays de Galles, conserve quant à elle, Jérémie voit une branche d’amandier fleurie.
Fondateur de l’école américaine, Benjamin West occupe, après sa formation  à Rome (1760-1763) puis à Londres, une place importante dans la peinture européenne de la fin du 18èmesiècle. Arrivé à Londres en 1763, il devient le représentant du néo-classicisme, mais aussi  l’un des fondateurs de la Royal Academy of Arts en 1768, avant de devenir son président en 1792 à la mort de Reynolds (Autoportrait, 1793, Londres, Royal Academy of Arts). Il devint le peintre d’histoire du roi George III pour lequel il réalisa La Vie d’Edouard III (château de Windsor, Salons d’Etat).
Image de "Jérémie voit une branche d'amandier fleurie et Les lèvres d'Isaïe purifiées par le feu"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"Jérémie voit une branche d'amandier fleurie et Les lèvres d'Isaïe purifiées par le feu"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier