Claude Bellan "La Lutte avec l'ange"

En hommage à l'artiste, décédé le 5 février dernier, le tableau de Claude Bellan est à nouveau visible au musée des Beaux-Arts de Bordeaux

(Bordeaux, 1933-2017)

La Lutte avec l'ange

1978
Technique mixte, acrylique sur papier collé sur panneau de contre-plaqué
H. 150 cm ; L. 119,5 cm
Historique : Don de la Société des Amis des Musées de Bordeaux, 1996.

Les découvertes de Cézanne et Matisse marquent, dès le départ, l’art de Claude Bellan qui est aussi attiré, au début des années 50, par Estève, Bores ou Pignon. À Bordeaux, c’est le peintre Edmond Boissonnet qui reste son interlocuteur privilégié. Refusant les simplifications de l’abstraction et le retour à la figuration des années 60 dont le manque de rigueur plastique le rebute, c’est dans l’héritage de Matisse et Picasso qu’il repense le paysage, alors que le travail sur la figure n’est, à ce moment là, qu’au service de l’étude.

Bellan ne cherche pas à faire quelque chose de nouveau, mais « quelque chose de totalement vrai, si possible, en total accord avec mon sentiment » dit-il. Ses références sont alors Giacometti et Bacon pour lesquels rendre compte de leur propre vision est devenu une obsession. Prenant leur exemple, Bellan s’attaque à la figure et commence en 1975-1976 une longue série d’autoportraits.

Mais toute sa vie Claude Bellan aura été attiré par les combats, de la lutte amoureuse, aux tauromachies, des combats de cavalerie à Jacob avec l'Ange, dont il existe plusieurs versions, certaines plus étroites et plus en hauteur.
 
Le sujet est extrait de l'Ancien testament.
La Genèse, chapitre 32. La lutte avec Dieu, versets 25-30.
 
Et Jacob resta seul. 
Et quelqu'un lutta avec lui jusq'au lever de l'aurore. Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l'emboîture de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. Il dit : "Lâche-moi, car l'aurore est levée", mais Jacob répondit : "Je ne te lâcherai, que tu ne m'aies béni". Il lui demanda : "Quel est ton nom ?" – "Jacob", répondit-il. Il reprit : "On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as été fort contre Dieu et contre les hommes et tu l'as emporté". Jacob fait cette demande : "Révèle-moi ton nom, je te prie", mais il répondit : "Et pourquoi me demandes-tu mon nom ? et, là même, il le bénit.
 
Le fond du tableau est d'un bleu métaphysique. Jacob est plus petit que l'Ange et dominé. Il y a à la fois opposition et fusion de ces deux êtres. L'artiste peint par  aplats de couleurs toutes différentes et imbriqués. Mais ce qui l'anime c'est un sentiment de fougue charnelle particulièrement émouvent.
 
Voir aussi l'exposition de 2002, organisée par le musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Claude Bellan : douze crucifixions
 
Image : Claude Bellan au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, devant La Lutte avec l'ange, en juillet 1996
Claude Bellan au musée des Beaux-Arts de Bordeaux en juillet 1996, devant La Lutte avec l'ange

 

Image : La Lutte avec l'ange. CLaude Bellan

La Lutte avec l'ange. CLaude Bellan