La Chasse aux lions

Eugène Delacroix

Image

Date : 1854-1855
Technique : huile sur toile
Signé et daté en bas au centre : EUG. DELACROIX 1855
Dimensions : H. 175  ; l. 360 cm (sans cadre)
Acquisition : Dépôt de l'État, 1856. Transfert en pleine propriété des œuvres à la Ville de Bordeaux, 2012
N° inv. : Bx E 469
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

Zone de contenu

L’artiste s’inscrit ici dans la tradition des Chasses de Rubens qu’il admirait, notamment la Chasse aux lions (1615), dont il possédait plusieurs gravures. Mais s’il reprend le sujet, il s’en affranchit par une expressivité formelle dans la droite ligne des scènes de chasse de Théodore Géricault. Delacroix a sans doute été aussi marqué par ses visites au Jardin des Plantes dès les années 1820 où, en compagnie de son ami le sculpteur Antoine-Louis Barye, il étudia longuement les fauves. Son goût pour l’exotisme fut confirmé par ses voyages en Afrique du Nord, comme au Maroc dès 1832.

Commandée par l’empereur Napoléon III, qui avait laissé carte blanche à l’artiste pour le choix du sujet, cette œuvre a été exposée à l’Exposition universelle de Paris en 1855 avec 35 autres peintures de l’artiste, aux côtés de celles de son grand rival Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867).

Quelques mois plus tard, l’œuvre fut déposée par l’État au musée de Bordeaux, qui occupait alors une aile de l’Hôtel de Ville, en « pendant » de la Chasse aux lions de Rubens et en raison de l’attachement de Delacroix à Bordeaux, où il avait passé une partie de son enfance. Elle rejoignit ainsi La Grèce sur les ruines de Missolonghi, que la Ville avait acquise quatre ans plus tôt.

Aviez-vous remarqué ?

Cette œuvre est incomplète. En effet, le 7 décembre 1870, un incendie ravagea l’Hôtel de Ville de Bordeaux et détruisit également le tiers supérieur de cette peinture. Quelques esquisses et copies, notamment une d’Odilon Redon, grand admirateur de Delacroix, permettent aujourd’hui d’imaginer, dans la partie supérieure, les deux cavaliers manquants.

Le saviez-vous ? 

La Chasse aux lions fut mise en dépôt à Bordeaux après l’Exposition. Mais il y a une autre raison. Delacroix a en effet passé à Bordeaux quelques années de sa prime enfance (1803-1805) lorsque son père y était préfet de la Gironde, et bien que Delacroix n’y retourna que rarement, il écrit « tous mes souvenirs me rattachent à Bordeaux comme à ma ville natale ». 

Lecteur audio
00:00 / 00:00
Légende

Écoutez la notice de l'œuvre

Transcription de l'audio

Le 7 décembre 1870 est un jour funeste pour cette œuvre de Delacroix, commandée pour l’Exposition universelle de 1855. En effet, ce jour-là, l’incendie qui ravagea l’Hôtel de Ville de Bordeaux détruisit également le tiers supérieur de cette peinture. Quelques esquisses et copies, et notamment une d’Odilon Redon, nous permettent aujourd’hui d’imaginer, dans la partie supérieure, les deux cavaliers manquants. Delacroix, qui avait étudié les Chasses de Rubens, était fasciné par le thème des lions. La scène qu’il construit ici possède une dimension spectaculaire. Le peintre, tout comme son ami le sculpteur Barye, dont vous pouvez observer les œuvres en bronze dans les vitrines, fréquentait assidûment le Jardin des Plantes à Paris. Ses visites répétées lui ont permis de saisir la force bestiale des fauves, leur férocité et leur musculature, mais aussi la couleur de leur pelage, et de faire éclore un art animalier plus authentique et plus éloquent. Le ciel bleu à chaque extrémité de la composition, de même que les couleurs vives, confortent les propos de Baudelaire au sujet de l’œuvre : « La Chasse aux lions est une véritable explosion de couleurs ». 
Ce tableau synthétise trois thèmes chers à Delacroix, l’orientalisme, l’affrontement et l’animal. Il est un manifeste de l'art romantique, par le thème dramatique, le mouvement tumultueux, la touche spontanée et les couleurs chatoyantes. 

Les autres œuvres commentées de cet artiste