L’artiste s’inscrit ici dans la tradition des Chasses de Rubens qu’il admirait, notamment la Chasse aux lions (1615), dont il possédait plusieurs gravures. Mais s’il reprend le sujet, il s’en affranchit par une expressivité formelle dans la droite ligne des scènes de chasse de Théodore Géricault. Delacroix a sans doute été aussi marqué par ses visites au Jardin des Plantes dès les années 1820 où, en compagnie de son ami le sculpteur Antoine-Louis Barye, il étudia longuement les fauves. Son goût pour l’exotisme fut confirmé par ses voyages en Afrique du Nord, comme au Maroc dès 1832.
Commandée par l’empereur Napoléon III, qui avait laissé carte blanche à l’artiste pour le choix du sujet, cette œuvre a été exposée à l’Exposition universelle de Paris en 1855 avec 35 autres peintures de l’artiste, aux côtés de celles de son grand rival Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867).
Quelques mois plus tard, l’œuvre fut déposée par l’État au musée de Bordeaux, qui occupait alors une aile de l’Hôtel de Ville, en « pendant » de la Chasse aux lions de Rubens et en raison de l’attachement de Delacroix à Bordeaux, où il avait passé une partie de son enfance. Elle rejoignit ainsi La Grèce sur les ruines de Missolonghi, que la Ville avait acquise quatre ans plus tôt.