Dispute des philosophes / Dispute des théologiens

Luca Giordano, dit Fa Presto

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Date : 1650-1652 
Technique : huile sur toile
Dimensions : H : 120 x l : 175 cm / H : 122 x l : 177 cm
Acquisition : achat de la Ville, 1829
N° inv. : Bx E 185 / Bx E 186
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Les Dispute des philosophes et Dispute des théologiens de Giordano sont deux œuvres majeures de l'artiste napolitain, qui illustrent les tensions intellectuelles et religieuses de son époque. 

À travers des compositions dynamiques et une utilisation subtile de la lumière, Giordano met en scène, dans cette paire, la passion des débats entre figures de la philosophie et de la théologie, symbolisant les conflits de pensées entre raison et foi. Ces œuvres, riches en détails, capturent l'intensité des discussions tout en soulignant les enjeux de l'époque baroque, où les débats intellectuels prenaient une place centrale dans les cours et les académies.

Ces œuvres s’inscrivent dans le genre des Disputes, inspiré de l’épisode biblique de Jésus discutant avec les Docteurs de l'Église, et de l’École d’Athènes de Raphaël. Ce sujet permet de mettre en scène, dans un but moralisateur, des figures de vieux sages comme le mendiant prophète ou philosophe, très populaires à Naples durant la Contre-Réforme. Les dimensions similaires des œuvres suggèrent qu’elles étaient destinées à être des pendants.

Dans La Dispute de théologiens, sept personnages à l'allure de prophètes sont représentés, dont l'un tient un exemplaire de l’Ancien Testament en caractères hébraïques. La Dispute de philosophes présente, quant à elle, une figure centrale inspirée d’un buste romain de Démocrite. 

La comparaison de cette figure avec d’autres œuvres de Giordano, comme Le Philosophe cynique (vers 1653, Alte Pinakothek, Munich), semble conforter l’attribution de cette œuvre à l’artiste. Les personnages principaux, qui rappellent Démocrite et Héraclite soulignent l’influence de la pensée humaniste de l’époque.

Le saviez-vous ?

On remarque dans les deux Disputes de Bordeaux, l'expressionnisme des figures secondaires, bel exemple de la tendance des élèves de Ribera à l'exagération naturaliste, sous l'influence des peintres nordiques présents à Naples. Tous ces éléments autorisent à dater les deux Disputes bordelaises de la jeunesse napolitaine de Giordano, avant son séjour à Rome (attesté en 1654), et plus précisément entre 1650 et 1652

À noter

L’attribution des deux Disputes, initialement attribuées à Luca Giordano, a été remise en question en 1842 par Pierre Lacour fils, alors conservateur du musée, qui les donna à José de Ribera, le maître de Giordano. Cette attribution a été maintenue jusqu’à Henri de la Ville de Mirmont, qui a suggéré de revenir à la première attribution fondée sur les sources historiques. En effet, le coup de pinceau rapide de Giordano, caractéristique de la manière ribéresque, et l’utilisation d’empâtements pour souligner les brillances de la peau, permettent de confirmer cette attribution.