Le recours à une palette chromatique acidulée, les nombreuses courbes et la distorsion des proportions sont caractéristiques du style dit maniériste de l’artiste.
Chez Vasari, les tableaux de chevalet et de dévotion sont rares. Parmi ces derniers, on compte plusieurs Sainte Famille, c’est-à-dire la Vierge, saint Joseph et l’Enfant Jésus accompagnés de saints.
Dans celui-ci, la composition est resserrée. La Vierge, d’une ampleur toute michélangelesque, s’impose en occupant pratiquement toute la surface du panneau. Autour d’elle, les autres figures se contorsionnent pour entrer dans le cadre. L’Enfant Jésus est étendu, endormi au premier plan, sur une étoffe aux franges dorées, les pieds posés sur un livre. La façon dont l’enfant repose renvoie symboliquement à sa future déposition sur le linceul. Le petit saint Jean, en bas à gauche, regarde la Vierge. Il tient la main droite de Jésus d’une main, et de l’autre une baguette cruciforme.
Les figures de saint Joseph et saint François occupent les angles supérieurs du panneau. Le dessin est délicat et le coloris légèrement acidulé ; le contraste des ombres et des lumières accentue l’aspect sculptural de la Vierge. Vasari avait peint, en 1544, un panneau semblable pour Francesco di Niccoló Vespucci, mais sans le petit saint Jean.
On connaît plusieurs versions de cette composition, dont un panneau de très belle facture, conservé au Oakland Museum of California (en prêt à la Camron-Stanford House, Oakland, Californie). Le tableau de Bordeaux est en tous points semblable à ce dernier, à l’exception de la partie inférieure qui est diminuée d’une bande de quelques centimètres en hauteur.