En 1838, à la suite de remaniements dans la chapelle des fonts baptismaux de l’église Sainte-Croix de Bordeaux, la fabrique fait don, au Musée des Beaux-Arts, de l'œuvre qui était devant un autel. C'est l’œuvre la plus ancienne conservée par le musée.
La Vierge de Pitié se compose au sens strict de deux personnages : Marie et son fils décloué de la croix dont elle tient sur ses genoux le corps inanimé ; mais la Vierge pouvait être entourée par des saints ou des donateurs. Le thème n’est pas mentionné dans les Evangiles ; issu de l’imagination mystique, il surgit au début du 14e siècle dans les couvents de nonnes de la vallée du Rhin ; le motif féminin et maternel s’est répandu rapidement en France, beaucoup plus tard en Italie.
Sur la traverse inférieure du cadre, on peut lire en latin les noms des saints, reconnaissables aussi à leurs attributs. À gauche, sainte Barbe tient dans une main la tour dans laquelle son père la séquestra. Le second personnage est saint Siméon ou Simon : sa tonsure caractéristique de moine évoque une personnalité monastique bordelaise, saint Simon Stock. À la droite de la Vierge de Pitié se trouve saint André, frère aîné de saint Pierre ; il fut martyrisé à Patras, attaché sur une croix en forme d’X. Sainte Catherine d’Alexandrie est la dernière sainte et fait pendant à sainte Barbe avec laquelle elle est souvent jumelée.
Sur la travée supérieure du cadre, en latin toujours, il est inscrit : « Cette peinture a été faite l’an de l’incarnation du Seigneur mille quatre cent soixante-neuf. C’est Guillaume Nicollo de Lensade qui l’a faite faire en l’honneur de Marie mère de Dieu et de son fils. »