Jan Davidsz. de HEEM, "Roses, coupe et timbales avec deux verres sur une table"

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(Utrecht, 1606 – Anvers, 1684)

Roses, coupe et timbales avec deux verres sur une table
 

Signé et daté sur le bord de la table, à gauche : I.D. Heem F. 1636
Huile sur toile.
Hauteur 59 cm. Largeur 48 cm.
Historique : Ancienne collection Lacaze. Achat de la Ville, 1829.
 

Sur le coin gauche d’une table au pied ouvragé sont disposés divers objets : au centre, sur un plat d’argent, un römer (verre à vin rhénan) laisse apparaître par transparence une coupe métallique renversée. A gauche du römer et au bord du plat, on aperçoit deux gouttes de jus et un pépin, tandis qu’une pelure de citron pend dans le vide et une rondelle de citron est posée en équilibre entre le plat et la table. A l’extrémité gauche de la table, trois roses dont une en bouton apportent une note de couleur vive; au fond de la composition, se dessine une longue flûte en verre et à sa droite, trois cerises confites. A droite de la première timbale, sur un tissu blanc, sont posés une autre timbale renversée, une pipe éteinte et des cure-pipe.
 
La valeur symbolique de cette nature morte est à rapprocher du thème de la Vanité d’après l’Ecclésiaste (1, 2). Ce livre attribué au roi Salomon s’ouvre sur un constat d’impuissance et de pessimisme : « Vanité des vanités, tout est vanité », c'est-à-dire futile et insignifiant.
 
La mise en juxtaposition d’objets représentatifs des richesses de la nature et des activités humaines suscite des réflexions sur le sens de la vie et ses rapports avec les plaisirs de ce monde. Avec une codification traditionnelle, le désordre de la table et la pipe éteinte rappellent que le repas est fini.  Les roses coupées quant à elles évoquent l’idée de la fugacité des choses. Les fines baguettes en bois du nécessaire à fumer, placées en équilibre instable et la peau du citron déroulée dans le vide parlent de la fragilité de l’existence. Elles rappellent que les plaisirs de la table ne sauraient constituer une fin en soi.
 
Le format en hauteur du tableau souligne la construction pyramidale de cette nature morte dont la base est formée par le plateau de la table et l’axe vertical par la flûte. Jan Davidsz de Heem utilise une gamme de couleurs sombres (des gris et des bruns) mise en valeur par des touches de rose pâle, de jaune et de rouge.
 
Cette nature morte, sobre mais raffinée, coïncide par sa date avec l’arrivée de De Heem à Anvers. Dans cette ville, les amateurs appréciaient surtout les natures mortes opulentes et très décoratives de Frans Snyders (1597-1657), Adriaen van Utrecht (1599-1652) ou Jan Fyt (1611-1661). Face à ce goût bien déterminé, De Heem abandonna ses natures mortes austères et monochromes (par exemple, Nature morte au homard et au nautile, 1634, Stuttgart) influencées auparavant par Willem Claesz Heda (v. 1593- v. 1680) et Pieter Claesz (v. 1598-1661), pour une production plus ornementale dont Le Dessert (1640) du Louvre ou Le Vase de fleurs (1670) du Mauritshuis de La Haye en sont de beaux exemples.
Image de <i>Roses, coupe et timbales avec deux verres sur une table</i> © Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

Roses, coupe et timbales avec deux verres sur une table © Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

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