Le musée des Beaux-Arts fête les Amoureux

Le musée des Beaux-Arts s’associe à la traditionnelle Fête des Amoureux en mettant à l’honneur le Portrait de Jean-Baptiste Mareilhac et de son épouse Jeanne- Emilie Bonneau de la Cure à l’impromptu dû au pinceau de François-Louis Lonsing (1739-1799).
 
 
Au XVIIIe siècle, les portraits de couples au sein d’un même tableau sont relativement rares, la tradition leur préférant des portraits fonctionnant comme des paires dans lesquelles l’homme et la femme posent séparément mais se répondent par leurs regards ou des attitudes similaires. Quelques exceptions existent toutefois, notamment dans les portraits de mariage de la peinture anglaise, actuellement mise à l’honneur dans l’aile sud du musée, ou encore dans le célèbre portrait des époux Lavoisier par le peintre néoclassique Louis David. Prétexte à montrer le ciment du couple, qu’il soit intellectuel ou scientifique ou encore, comme le plus souvent, social et économique.
 
Plus rarement, en revanche, la complicité amoureuse que souligne ici la tendresse et la spontanéité des gestes : la main gauche de l’épouse posée, dans un élan d’affection naturelle et désinvolte, sur l’épaule du mari et la main droite posée symboliquement sur son cœur. Autre symbole sentimental, le bouquet de roses que la femme tient à la main fait écho à la couleur du nœud ceignant la robe de satin blanc dont l’élégance répond elle-même au raffinement du costume de l’homme coiffé de la perruque et vêtu d’une redingote. L’ombrelle, déposée aux pieds de l’épouse, et le cheval dans le fond du paysage constituent les nobles accessoires de cette villégiature intime dans le parc d’une propriété bourgeoise.  L’improvisation que semble évoquer ici dans le titre l’expression ‘’à l’impromptu’’– référence aussi à un genre littéraire alors en vogue – ne saurait toutefois cacher le souci de mise en scène intégrant tous les codes sociaux de la bonne société et d’un couple prospère. 
 
Ce portrait fut exécuté en 1798, soit six ans après le mariage des commanditaires dont la tendresse semble alors toujours intacte, malgré la grande différence d’âge entre les deux époux. De leur union naquirent quatre enfants. Tous deux étaient originaires de Moulon, dans le Libournais, et issus de la grande bourgeoisie terrienne et commerçante. Négociant et armateur, homme politique actif au sein de la franc-maçonnerie, Jean-Baptiste Mareilhac (1745-1831) avait fait fortune sous la Révolution et acquis, en 1791, le château de La Louvière à Léognan, dont on aperçoit l’élégante façade classique à l’arrière-plan. Il en avait confié la décoration intérieure à son ami Lonsing.
 
D’origine flamande, le peintre, après un long séjour à Rome et un passage à Lyon, s’était établi à Bordeaux dès 1783, se mettant au service des riches négociants bordelais. Le musée des Beaux-Arts conserve sept de ses portraits, dont ceux de l’architecte Victor Louis et de l’éloquent Mirabeau.
 François-Louis Lonsing (1739-1799), <i>Portrait de Jean-Baptiste Mareilhac et de son épouse Jeanne- Emilie Bonneau de la Cure à l’impromptu</i>

François-Louis Lonsing (1739-1799), Portrait de Jean-Baptiste Mareilhac et de son épouse Jeanne- Emilie Bonneau de la Cure à l’impromptu