Jean II RESTOUT, "La Présentation de Jésus au Temple"

(Rouen, 1692 – Paris, 1768)

La Présentation de Jésus au Temple

Vers 1735
Huile sur toile.
Hauteur 407 cm. Largeur 275 cm.
Historique : Séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Envoi de l’Etat, 1805.

Au centre, la Vierge présente l'Enfant Jésus au vieillard Siméon, tandis que derrière elle, saint Joseph tient une cage avec deux colombes pour les offrir en sacrifice. Dans le bas de la composition à droite, la prophétesse Anne de Jérusalem est agenouillée sur les marches. Restout fait converger tous les regards, à l’exception de celui de Joseph, vers l’Enfant légèrement décentré et placé au sommet d’une composition pyramidale. Il équilibre ainsi la perspective fuyant vers la gauche. Mais à cause de la monumentalité du format et de l’emplacement au-dessus de l’autel, le peintre a décentré la représentation principale vers l’avant, pour la rendre plus lisible aux fidèles.
Avec un dessin linéaire et très anguleux qui étire la forme humaine, l’artiste emprunte les attitudes de saint Joseph et du grand prêtre, ainsi que la rampe d’escalier, à des œuvres de son oncle et maître, Jean Jouvenet (1644-1717) : respectivement à La Présentation au Temple (1692, musée des Beaux-arts de Rouen) et à La Purification (musée Condé à Chantilly). Jouvenet influença aussi son élève pour le contraste lumineux, tandis que le coloris clair et la facture rapide rappellent la technique des Vénitiens, notamment celle de son contemporain Giovanni Battista Piazzetta (1683-1754).
Cette peinture fait partie, avec La Naissance de la Vierge (1744, Paris, Saint-Honoré-d’Eylau) et Le Prophète Ezéchiel (1748, Bordeaux, musée des Beaux-Arts), d’une commande réalisée en 1735 pour la chapelle du séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Deux ans après la suppression de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice en 1792, La Présentation fut saisie et déposée aux Petits-Augustins avant d’être mise en réserve au Musée central des arts (le Louvre) en 1797. L’Etat l’envoya au musée de Bordeaux en 1805. L’incendie de l’Hôtel de ville en 1870 a sévèrement endommagé cette œuvre sur la partie gauche qui, malgré un brillant travail de restauration, a perdu de sa lisibilité.
Le tableau bordelais peut s’intituler indifféremment La Présentation de Jésus au Temple, La Purification de la Vierge ou La Chandeleur. Le thème de la Chandeleur ne figure pas dans les Ecritures saintes et seules la Présentation de Jésus au Temple et La Purification de la Vierge en sont issues (Evangile de Luc, 2, 22-40). Jean Restout en réunissant néanmoins dans cette peinture ces trois thèmes offre une interprétation janséniste de cette scène.
Reçu à l’Académie en 1720 avec Alphée et Aréthuse (Rouen, musée des Beaux-Arts), Restout y fit une brillante carrière, devenant directeur en 1760 puis chancelier l’année suivante. Parallèlement à des peintures mythologiques influencées par François Boucher, le peintre consacra l’essentiel de son œuvre à la peinture religieuse dans laquelle il laissa paraître sa religiosité teintée de jansénisme. Il affectionnait les grandes compositions, dans lesquelles il s’éloigna peu à peu du style de son oncle Jouvenet au profit de personnages au naturalisme appuyé et aux drapés animés d’un souffle presque divin.

 

Image de "La Présentation de Jésus au Temple"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"La Présentation de Jésus au Temple"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier