Nature morte à la vielle

Henri-Horace Roland de La Porte

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Date : vers 1760
Technique : huile sur toile.
Dimensions : H : 80,5 cm x l : 101 cm
Historique : Legs Gardère, 1903
N° inv. : Bx E 1188
Exposé
Crédit photo :  F. Deval, marie de Bordeaux

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La Nature morte à la vielle de Roland de la Porte, réalisée au 18e siècle, illustre l'habileté de l'artiste à capter la texture et les détails d'objets du quotidien. Dans cette composition, l'instrument de musique, la vielle, se mêle harmonieusement aux autres objets soigneusement disposés, créant ainsi une scène intimiste. La lumière joue un rôle crucial, en accentuant les volumes et les contrastes pour donner vie à cette nature morte vibrante de réalisme et de poésie.

Sur une table en bois, apparaissent un instrument de musique ancien (la vielle à roue), un bocal de pêches au sirop, une partition, deux dés et un cornet placés devant une boîte en laque de Chine, sur laquelle repose une assiette de raisins et de poires. Dans la pénombre de l’arrière-plan, une étagère murale supporte des livres et des étoffes.

Les premières natures mortes aux instruments de musique apparurent dès la seconde moitié du 15e siècle, sur des trompe-l’œil en intarsia - une technique de marqueterie utilisant des pièces de bois de différentes essences et couleurs pour créer des motifs décoratifs - ornant les portes des cabinets de travail d’Udine (vers 1472), de Mantoue (1505) ou de Monte Oliveto Maggeiore (1503-1505). Elles connurent dès lors une diffusion européenne.

La nature morte bordelaise célèbre les plaisirs de la vie : le goût du jeu (le cornet et les dés), les délices de la table (le bocal de pêches, les raisins et les poires) et la musique (la vielle). Mais derrière cette évidence, se dissimulent des allusions philosophiques sur la brièveté de la vie et la limite du savoir avec la partition froissée.

Sur cette dernière, la notation reviendrait peut-être au compositeur Jean-Marie Lemaire qui fut poignardé à son domicile parisien le 23 octobre 1764. D’après Olivier Le Bihan, cette éventuelle attribution donne à la nature morte la dimension symbolique d’un memento mori (« Souviens-toi que tu vas mourir »).

Cette nature morte est avant tout caractéristique du soin que portait l’artiste à la répartition de la lumière et de la couleur. Son traitement illusionniste de la profondeur et sa précision dans le rendu des objets le démarquent de Chardin. En revanche, il se rapproche du maître par la dimension intimiste de la scène et par le rendu des matières, jouant tour à tour sur la rugosité ou le poli, la brillance ou la matité, la simplicité ou la préciosité des surfaces et des matières, à l’exemple de la vielle à roue.

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On doit cette nature morte, exécutée autour de 1760, à l’artiste parisien Horace Roland de la Porte, reçu à l’Académie Royale de peinture et de sculpture comme peintre d’animaux et de fleurs. 

Dans un cadrage resserré, l’artiste dispose sur une table divers éléments symboliques, qui évoquent, à la manière d’une vanité, les plaisirs de la vie et la fugacité de l’existence humaine. La vielle à roue, qui est à l’origine l’instrument des aveugles et des mendiants, constitue le centre de la composition, et symbolise l’harmonie des sons. La partition froissée fait pendant aux livres qui se trouvent à l’arrière-plan de l’œuvre. Représentés ensemble, ces objets symbolisent l’incomplétude des connaissances humaines. Les dés, sur la gauche du tableau, évoquent quant à eux le plaisir du jeu mais aussi les hasards de la destinée. Enfin, le goût et les plaisirs de la table sont abordés à travers la représentation du raisin, des poires ainsi que du bocal de pêches ou d’abricots. 

De manière ludique, cette œuvre fonctionne également comme une allégorie des Cinq Sens. En observant attentivement le tableau, vous n’aurez aucun mal à associer chaque objet à son sens correspondant !