Dans ce portrait d’apparat, Anton Van Dyck représente Marie de Médicis, ancienne reine et régente de France. La disgrâce intervient à la suite de la “Journée des Dupes” (30 novembre 1630), quand le roi Louis XIII décide de maintenir le cardinal Richelieu dans ses fonctions de ministre, s’opposant à l’avis de sa mère, alors contrainte à l’exil.
Van Dyck peint ce portrait en 1631, alors que Marie de Médicis a trouvé refuge à Anvers chez l’archiduchesse Claire-Eugénie. Ce portrait de grand format magnifie la dignité et la grandeur de la reine déchue, drapée dans une robe de deuil noire et tenant des roses. Le sentiment de deuil est accentué par le dais noir devant lequel elle est assise. Habituellement, Van Dyck place ses modèles devant des architectures palatiales. Ici, le dais se détache d’une grotte, symbolisant l'isolement de la reine et ses vertus de résilience et de force, à l'image de la pénitente Marie Madeleine. À gauche, la couronne posée à ses côtés plutôt que sur sa tête symbolise la perte du pouvoir royal. Le chien à ses pieds personnalise quant à lui sa fidélité envers la couronne de France. En arrière-plan, à droite, une vue d'Anvers se dessine avec le fleuve Escaut, le château fortifié du Steen et la haute tour de la cathédrale, le tout se détachant d’un ciel crépusculaire.
Élève de Rubens et grand admirateur de Titien, Van Dyck a voyagé en Angleterre et en Italie. Lorsqu'il revient à Anvers, sa ville natale en 1631, il devient un portraitiste très recherché des élites, comme le démontre cette commande de Marie de Médicis.