Le combat entre le géant philistin Goliath et le jeune berger juif David, relaté dans l’Ancien Testament, mit fin à la guerre qui divisait ces deux peuples (Premier Livre de Samuel, XVII, 40-54). Porté par sa foi, David – défini comme étant un « enfant », « jeune » et « beau » – vaincut Goliath, un guerrier chevronné, grâce à une ruse. Armé de sa seule fronde, il assomma son ennemi d’un jet de pierre puis lui prit son épée pour lui trancher la tête.
Le thème représenté dans ce tableau connut la faveur des artistes durant le premier tiers du 17e siècle. En effet, Caravage et ses émules tels que Feti, Artemisia Gentileschi, Bartolomeo Manfredi, Nicolas Régnier ou Valentin de Boulogne avaient une véritable prédilection pour cet épisode biblique, dont l’issue finale du combat permettait de représenter l’horreur de la mort.
Aubin Vouet, séduit par la violence des chefs-d'œuvre caravagesques qu'il avait pu voir à Rome, choisit de représenter David sous les traits du héros victorieux, le regard baissé et la moue dédaigneuse. Sa nudité juvénile, inspirée non seulement par la sculpture de la Renaissance florentine mais également par les représentations d'adolescents du Caravage, s'oppose aux traits virils de l'imposante tête de Goliath. L'embonpoint du jeune garçon est mis en valeur par le cadrage aux deux tiers du corps représenté dans un savant clair-obscur. L’élégance de la toque galonnée d’or et ornée d’une plume d’autruche sublime ce jeune corps et ajoute une touche de raffinement.
Moins célèbre que son frère Simon (1590-1649), Aubin Vouet reçut la même formation chez leur père avant de partir pour Rome rejoindre son aîné vers la fin 1619 ou début 1620. Ce fut sans doute au cours de ce séjour qu’il réalisa cette peinture, gravée ensuite par Michel Lasne (Paris, Bibliothèque nationale de France). À l’instar de son frère, il s’éloigna alors de l’influence caravagesque pour développer un style à la lumière claire, aux couleurs vives et aux jeux de drapés.