Eugène Boudin (1824-1898) a été surnommé « le roi des ciels » par Corot et « le Corot de la marine » par Georges de Sonneville, fondateur en 1928 du Salon des Indépendants bordelais.
Influencé par les peintres de marines hollandais et flamands, Boudin démontre ici son talent pour saisir les « beautés météorologiques » changeantes.
Avec l'arrivée des beaux jours, Boudin parcourait les plages de Normandie et de Bretagne avec sa femme pour peindre en plein air. Il écrivait : « Bloqués pendant près d'une semaine à Étaples dans une hôtellerie... nous en serions partis sans toile délier si nous n’étions tombés malade l’un après l’autre. »
Dans cette vision naturaliste et poétique d'une marée basse sur la côte d’Opale, dans le Pas-de-Calais, l’immensité du ciel occupe les trois-quarts du tableau. La ligne d'horizon est ainsi écrasée, tandis que les ramasseurs de coquillages sont réduits à un simple détail anecdotique.
La lumière est le sujet principal de l’œuvre ; le peintre en traduit avec subtilité les nuances et les reflets sur les plans d’eau épars laissés par la mer.
Participant à leur première exposition en 1874, Boudin a été l’un des précurseurs de l’Impressionnisme. Cette toile plus tardive en montre les caractéristiques : une palette claire, le thème d’une scène en extérieur et une application de la peinture en touches apparentes, épaisses par moments, avec de fines incisions pour sculpter la lumière.