Charles LACOSTE, La Gironde vers l'Océan

Charles Lacoste, La Gironde vers l'Océan, 1923. Dépôt du musée d'Orsay.
Selon son ami, le poète Francis Jammes, « Charles Lacoste habite le pays de la discrète harmonie. » Ses œuvres associent en effet des coloris d’une grande douceur à la souplesse des volutes. Les aplats de couleurs, les vastes perspectives et la simplification des formes témoignent de l’admiration du peintre envers l’art japonais, dont il collectionnait les estampes. Le peintre se définit comme paysagiste, interprète d’une nature calme et paisible, dans la lignée de Poussin, Claude Lorrain ou Corot. Deux ans avant la réalisation de cette œuvre, le peintre écrivait : « […] je me reconnais de la famille des paysagistes français, grands et petits, qui règnent depuis trois ou quatre cents ans par leur sentiment de la poésie, de la lumière et leur goût de l’ordre, de la mesure, de la finesse et de la justesse, du calme : cela tient à notre pays. » (Lettre inédite de Lacoste à Jammes, datée du 24 mars 1921, citée par Frédéric Chappey, dans Charles Lacoste, 1870-1959, 60 ans de peinture entre symbolisme et naturalisme, cat. exp. Paris, Mairie du XVIe arrondissement, avril-mai 1985, Beauvais, Musée départemental de l’Oise, juin-septembre 1985, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, novembre 1985, Paris, Délégation à l’action artistique, 1985, p. 122.) 
 
Charles Lacoste, est né à Floirac et a passé son enfance et sa jeunesse à Bordeaux, apprenant seul les techniques de son art, avant de se rendre à Paris en 1899. Le motif du fleuve tient une place importante dans son œuvre, qu’il s’agisse de la Garonne à Bordeaux, ou, comme ici, de la Gironde alors qu’elle se fond dans les premières eaux de l’océan. Le peintre révèle les différentes tonalités du fleuve à travers une palette très subtile. Les bleus marins alternent avec les bruns chargés d’alluvions selon un étagement conçu plan après plan. La terre et la mer fusionnent dans une perspective baignée de lumière. Lacoste excelle dans le rendu de ces atmosphères intenses, comme suspendues dans la chaleur d’un jour d’été. Comme dans la plupart de ses œuvres, la figure humaine est absente. Le paysage épuré tend à se simplifier à l’extrême, à la limite de l’abstraction, à la frontière du rêve. 
 
Cette dimension onirique est une constante de son art qui revêt des dimensions symbolistes, nabis, et parfois plus classiques. C’est un pan qu’appréciait Gabriel Frizeau, ami et mécène de Charles Lacoste – dont ce dernier a réalisé le portrait – mais aussi d’Odilon Redon. Lacoste et Redon s’étaient rencontrés grâce à leur amitié commune avec le botaniste Armand Clavaud. Ils avaient sympathisé et s’étaient échangé des œuvres, selon une pratique courante entre artistes. Les deux peintres se retrouvaient par ailleurs dans les salons parisiens de leurs amis communs, peintres, musiciens ou écrivains, autour de Pierre Bonnard, Félix Vallotton, Maurice Denis, de Francis Jammes, d’André Gide, d’Henry Lerolle et chez les collectionneurs Henry, Eugène et Ernest Rouart et Arthur Fontaine. 
 
« […] je cherche ce qui est caché, le sentiment des choses, des ciels […] » (lettre inédite de Lacoste à Jammes, 1904, citée par Frédéric Chappey, opus cité, p.30. 
Charles Lacoste (Floirac, 1870 - Paris, 1959), La Gironde vers l'Océan, 1923, huile sur toile. Dépôt du musée d'Orsay en 2020.

Charles Lacoste (Floirac, 1870 - Paris, 1959), La Gironde vers l'Océan, 1923, huile sur toile. Dépôt du musée d'Orsay en 2020.