Portrait de Rosa Bonheur, Edouard Louis Dubufe

 

Edouard Louis Dubufe
Portrait de Rosa Bonheur
Vers 1857 

 
Cette œuvre est exécutée à quatre mains par Edouard Dubufe (1819-1883), portraitiste mondain du Second Empire, peintre officiel de Napoléon III et Rosa Bonheur vers 1857. Elle montre Rosa Bonheur prenant appui sur un bœuf roux, dans un paysage faisant la part belle à un ciel nuageux. Cet animal est celui de son tableau Bœufs et taureaux de la race du Cantal (non localisé) avec lequel elle obtient une médaille d’or au Salon de 1848 et qu’elle décide de peindre elle-même. Le regard de l’animal est pénétrant et l’on distingue, grâce à un réalisme époustouflant, le détail de son pelage et les fines moustaches de son naseau. 
 
L’artiste regarde au loin et porte une robe présentant de fines dentelles dans le col, une lavallière et des manches bouffantes. Elle tient dans ses mains un portemine et un carton à dessin mettant l’accent sur sa qualité de dessinatrice. Détails importants car, comme le souligne Leïla Jarbouai, co-commissaire de l’exposition et conservatrice au musée d’Orsay « le dessin représente alors le travail, la science, la connaissance, auxquels les femmes n’ont pas accès ». La collaboration de Rosa Bonheur avec Dubufe révèle ce que l’artiste veut bien nous dévoiler d’elle, de ses goûts ou encore de ses ambitions.  
 
Anna Klumpke, sa dernière compagne, a pu dire d’elle en 1908 : « Rosa Bonheur était fort bien proportionnée, ce qui la faisait paraître de grandeur moyenne, bien qu’en réalité elle fût petite. Sous un front haut et large, creusé entre les deux sourcils du sillon très caractéristique des penseurs, ses yeux noirs avaient gardé la vivacité extraordinaire de la jeunesse. Le nez était petit, les narines bien dessinées, la lèvre supérieure mince et d’une jolie courbure ; sur la lèvre inférieure, plus développée et d’une mobilité extraordinaire se trahissaient les divers états de son esprit et les sensations qui l’impressionnaient… ». 
 
Ce portrait peint est l’un des nombreux témoignages de la grande popularité de l’artiste qui culmine en 1865, année où elle reçoit la Légion d’honneur. 
 
 
Photo : © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / photo Gérard Blot.
 
Sources :  
 
Anna Klumpke, Rosa Bonheur, sa vie, son œuvre, Paris, E. Flammarion, 1908, p. 6-7. 
Catalogue Rosa Bonheur, 2022, coédition Flammarion/Musée d’Orsay.
 

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