Alors qu’il a pourtant été l’un des peintres officiels de l’Empereur Napoléon, Gros se voit témoigner une grande admiration par la famille royale - Charles X l’a même fait baron.
Il décrit ici l’exil de la fille survivante de Louis XVI et de Marie-Antoinette (appelée Madame Royale avant la Révolution), contrainte de quitter Bordeaux pour se réfugier en Angleterre, puis en Belgique, à la suite de l’approche des troupes envoyées par Napoléon, de retour de l’Ile d’Elbe.
L’objectif de ce type de commande destinée au Palais des Tuileries était de populariser la vie de la famille royale, quitte à illustrer ses infortunes, faute de gloire. Gros a tiré tout le parti sentimental et romanesque (distribution du panache...) d'un tel sujet.
La duchesse, dont le visage inondé de larmes exprime une grande mélancolie, se retourne pour remercier et faire ses adieux à la foule qui lui est restée fidèle. Elle vient de distribuer des rubans à ses amis. Elle présente à ceux qui réclament un souvenir les plumes dont sa toque est ornée.
Les femmes éplorées s’enlacent, les regards désespérés montrent une sorte d’égalité dans la tristesse et donnent à l’ensemble de la scène des résonances théâtrales.
Le ciel assombri, faisant écho aux sentiments humains, confère une dimension romantique très moderne pour l’époque.
Louis XVIII fera don de ce tableau à la ville de Bordeaux pour la récompenser de sa fidélité à la monarchie et aux Bourbons.