Sainte Famille avec sainte Dorothée

Paolo Caliari, dit Véronèse

Image

Date : vers 1560-1670
Technique : huile sur toile
Dimensions : H : 77 x l : 96 cm
Acquisition : ancienne collection royale, envoi de l’Etat, 1805 et transfert de propriété de l’État depuis 2012.
N° inv. : Bx E 36
Exposé
Crédit photo : F. Deval, marie de Bordeaux

Zone de contenu

Sainte Dorothée, agenouillée devant la Sainte Famille, reçoit de l’Enfant Jésus une corbeille de fleurs, son attribut symbolique. Son élégance reflète l’idéal de beauté vénitien du 16e siècle, tandis qu’une vigne grimpant sur un arbre évoque discrètement l’Eucharistie.

Popularisée au 13e siècle par La Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298), Dorothée, (« don de dieu » en grec), fille d’un sénateur de Cappadoce, fut décapitée sous Dioclétien, en 304 ap. JC, pour avoir refusé de renier sa foi chrétienne. Sur le chemin du supplice, elle croise le scribe Théophile qui lui demande ironiquement de lui ramener du paradis des fruits et des fleurs. Elle le lui promit et c’est un ange qui apporta à l’incrédule lettré des pommes et des roses ; Théophile se convertit.

Ce thème fut relativement peu traité par les peintres, mais il était particulièrement populaire en Allemagne et en Italie où Dorothée eut un rôle d’intercesseur auprès du Christ. À Venise, l’exemple le plus célèbre de ce thème est le tableau de Titien La Vierge et l’Enfant avec sainte Dorothée et saint Georges (vers 1516), conservé au musée du Prado à Madrid.

La composition du tableau bordelais s’ordonne autour d’un grand triangle formé à gauche par le pan du voile de la Vierge, à droite par la silhouette de sainte Dorothée et coupé en son centre par la verticale de l’autre pan du voile et du bras de Marie. Le corps penché de saint Joseph ainsi que celui de l’Enfant Jésus composent des diagonales. Ce jeu de lignes donne à l’œuvre une impression de stabilité et d’équilibre. Les couleurs sont claires et Véronèse utilise toute une gamme de tons roses et verts (le fameux vert Véronèse !) ainsi que des bleus subtilement dégradés. Des rehauts de blanc accentuent les plis des vêtements et accrochent la lumière tandis que les formes sont nettement cernées. Le plaisant motif illusionniste de la guirlande de pampres sur la droite, vue à contre-jour, laisse supposer que cette composition pouvait s'insérer dans un décor fixe à motif végétal.

Ce tableau est entré dans les collections royales sous Louis XIV. En 1683, il était présenté à Versailles, dans le Cabinet des Curiosités (dit aussi des Médailles ou des Raretés), parmi un groupe de quatre peintures de Véronèse.

Aviez-vous remarqué ?

Aviez-vous remarqué la délicatesse du chignon de sainte Dorothée, tressé et orné de perles, qui souligne son raffinement ? La corbeille qu’elle reçoit de l’Enfant Jésus, remplie de fleurs, fait écho à son attribut traditionnel.