Cette sculpture illustre l’une des meilleures pages de la tradition italienne du monument funéraire, qui constituait alors la majeure partie des commandes passées aux sculpteurs, avec les bustes et les sujets religieux. Elle s'en démarque toutefois par un traitement plus expressif et dramatique du trépas.
S’appuyant sur une observation directe de l’anatomie des malades et des mourants dans les hôpitaux florentins, Rinaldo Carnielo (1853-1910) parvient à insuffler une certaine théâtralité au réalisme, et amorce ici un de ses thèmes de prédilection : la représentation du tragique et du macabre.
Avec cette œuvre, il démontre sa virtuosité dans l’extrême précision du rendu des détails, et plus particulièrement celui des matières : l’aspect pelucheux de la couverture de laine, la dentelle de la chemise de lin, ou encore le brocart du coussin. Carnielo parvient à suggérer dans un matériau aussi rigide que le marbre le moelleux du coussin.
L’artiste eut pourtant du mal à obtenir l’envoi de son œuvre à l'Exposition universelle de Paris de 1878. Le délégué du gouvernement italien l’écarta, trouvant « le sujet trop lugubre ». L’artiste dut alors se tourner vers le salon parisien, qui accepta de la présenter. Le plâtre fut acheté 12.000 francs par le gouvernement français afin d’être exécuté en marbre.