L’œuvre met en scène le commanditaire, François-Bernard Boyer-Fonfrède, accompagné de sa femme et de sa fille, assistant à la leçon de labourage de son fils Jean-Bernard.
Exposé au Salon de 1798, ce tableau fut commandé trois ans plus tôt à François-André Vincent (1746-1816), contemporain et rival de David, par l’industriel toulousain François-Bernard Boyer-Fonfrède pour orner le grand salon de son hôtel particulier. Fils d’un négociant bordelais élevé dans l’esprit des Lumières, Boyer-Fonfrède avait fondé à Toulouse une « École gratuite de dessin » destinée aux enfants des familles pauvres employées dans sa filature de coton.
Le programme iconographique du décor prévoyait quatre peintures sur le commerce, l’apprentissage de la bienfaisance, les soins de la petite enfance et l’agriculture mais seul ce dernier sujet fut réalisé.
Le peintre s’inspire ici des préceptes de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau qui considérait le travail agraire comme « le premier et le plus respectable de tous les arts » sans la connaissance duquel l’éducation serait incomplète.
Vincent utilise une palette froide et soigne la facture pour répondre aux exigences de son mécène. Pour ce faire, il représente une leçon de labourage sur les terres de son commanditaire en Occitanie, indentifiables grâce à la chaîne des Pyrénées visible à l’arrière-plan.
Le laboureur a le visage et le corps musclé d'un personnage de la Haute Renaissance et sa main, pointée vers la paire de bœufs qu'il montre en exemple, est empruntée à l'image de Dieu, dans la Création d'Adam et Eve de Michel-Ange, sur le plafond de la chapelle Sixtine.
Sa figure est intemporelle alors que les autres personnages sont bien de leur temps : mode des robes féminines en tissu de gaze volant au vent et chapeau en paille d'Italie de style Directoire ; quant au garçonnet, son corps est moulé dans un pantalon collant, la lumière très crue accentuant les formes de sa silhouette.
La lumière joue aussi en oblique sur l'arrière-train des bœufs - très inspirés par la peinture hollandaise du 17e siècle - et sur les figures féminines pour les rendre plus évanescentes, créant ainsi un contraste entre les plans. Il s'agit d'une peinture à la fois idéalisée et réaliste - pour les bœufs et la charrue dont le modèle reprend fidèlement les araires du Languedoc. Les tonalités générales sont dans des harmonies de bleu - au loin la chaîne des Pyrénées - de brun et de blanc très harmonieuses.
La Leçon de labourage s’attache ainsi à montrer les vertus du travail des champs et de son apprentissage par de jeunes bourgeois.