L’Agriculture - La Leçon de labourage

François-André Vincent

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Date : 1798
Technique : huile sur toile.
Dimensions : H : 213 x l : 313 cm
Historique : achat de la Ville, 1830
N° inv. : Bx E 340
Exposé à la Galerie des Beaux-Arts
Crédit photo :  F. Deval, mairie de Bordeaux

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L’œuvre met en scène le commanditaire, François-Bernard Boyer-Fonfrède, accompagné de sa femme et de sa fille, assistant à la leçon de labourage de son fils Jean-Bernard. 

Exposé au Salon de 1798, ce tableau fut commandé trois ans plus tôt à François-André Vincent (1746-1816), contemporain et rival de David, par l’industriel toulousain François-Bernard Boyer-Fonfrède pour orner le grand salon de son hôtel particulier. Fils d’un négociant bordelais élevé dans l’esprit des Lumières, Boyer-Fonfrède avait fondé à Toulouse une « École gratuite de dessin » destinée aux enfants des familles pauvres employées dans sa filature de coton.

Le programme iconographique du décor prévoyait quatre peintures sur le commerce, l’apprentissage de la bienfaisance, les soins de la petite enfance et l’agriculture mais seul ce dernier sujet fut réalisé. 

Le peintre s’inspire ici des préceptes de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau qui considérait le travail agraire comme « le premier et le plus respectable de tous les arts » sans la connaissance duquel l’éducation serait incomplète. 

Vincent utilise une palette froide et soigne la facture pour répondre aux exigences de son mécène. Pour ce faire, il représente une leçon de labourage sur les terres de son commanditaire en Occitanie, indentifiables grâce à la chaîne des Pyrénées visible à l’arrière-plan. 

Le laboureur a le visage et le corps musclé d'un personnage de la Haute Renaissance et sa main, pointée vers la paire de bœufs qu'il montre en exemple, est empruntée à l'image de Dieu, dans la Création d'Adam et Eve de Michel-Ange, sur le plafond de la chapelle Sixtine.

Sa figure est intemporelle alors que les autres personnages sont bien de leur temps : mode des robes féminines en tissu de gaze volant au vent et chapeau en paille d'Italie de style Directoire ; quant au garçonnet, son corps est moulé dans un pantalon collant, la lumière très crue accentuant les formes de sa silhouette. 

La lumière joue aussi en oblique sur l'arrière-train des bœufs - très inspirés par la peinture hollandaise du 17e siècle - et sur les figures féminines pour les rendre plus évanescentes, créant ainsi un contraste entre les plans. Il s'agit d'une peinture à la fois idéalisée et réaliste - pour les bœufs et la charrue dont le modèle reprend fidèlement les araires du Languedoc. Les tonalités générales sont dans des harmonies de bleu - au loin la chaîne des Pyrénées - de brun et de blanc très harmonieuses. 

La Leçon de labourage s’attache ainsi à montrer les vertus du travail des champs et de son apprentissage par de jeunes bourgeois. 

Le saviez-vous ?

Pierre Lacour fils - dont le père fut le condisciple de Vincent à l’atelier de Joseph-Marie Vien - considérait ce tableau comme le chef-d’œuvre de l’artiste et le fit entrer dans les collections bordelaises en 1830. 

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L’artiste néo-classique François-André Vincent occupe une place essentielle dans la peinture française. 

Élève de Joseph-Marie Vien, comme Pierre Lacour et Jean-Joseph Taillasson, ce contemporain et rival de David expose ce tableau, intitulé L’Agriculture au Salon de 1798. 

Derrière ce sobre titre, Vincent met en scène le commanditaire de l’œuvre, François-Bernard Boyer-Fonfrède. Issu d'une famille de riches négociants bordelais, ce dernier est accompagné de sa femme et de sa fille, qui assistent à la leçon de labourage de leur fils.

Comme vous pouvez le voir, le peintre utilise ici une palette froide, et cherche la perfection afin de répondre aux exigences de son mécène. Pour ce faire, il s’inspire de la sculpture antique et représente la leçon de labourage sur les terres de son commanditaire, en Occitanie, avec la chaîne des Pyrénées à l’arrière-plan. 

Le sujet de la composition et la description qui en était donnée se nourrissent des théories des penseurs physiocrates, qui faisaient, dans la lignée des Lumières, l’apologie du travail de la terre. En effet, dans son traité Émileou De l'éducation, publié en 1762, Jean-Jacques Rousseau, explique que l’agriculture, considérée comme « le premier métier de l’homme », est un bon moyen d’accéder à la vertu. Ainsi pour François-Bernard Boyer-Fonfrède, l’éducation de son fils aurait été « imparfaite sans cette connaissance ».