Nature morte aux morceaux de viande

Jean-Baptiste Siméon Chardin

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Date : 1730
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 40,7 x l. 32,5 cm (sans cadre)
Historique : legs Auguste Poirson (Paris, 1836 - Paris, 1896) en 1896 (testament olographe du 18 mars 1894). Entré au Musée le 24 avril 1900
N° inv. : Bx E 1069.62
Exposé
Crédit photo :  F. Deval, mairie de Bordeaux

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Cette nature morte de Jean-Baptiste-Siméon Chardin met en scène des morceaux de viande disposés avec une précision remarquable, témoignant de la virtuosité de l'artiste dans la représentation des textures. Chardin, célèbre pour sa capacité à magnifier le quotidien, transforme des objets simples en une étude subtile de la lumière et des matières, capturant avec réalisme la richesse visuelle de ces aliments tout en évoquant la fragilité de la vie humaine.

La nature morte aux morceaux de viande de Jean-Baptiste-Siméon Chardin est une œuvre qui met en lumière l’une des grandes spécialités de l’artiste : la représentation méticuleuse d’objets quotidiens avec une grande maîtrise technique et une économie de moyens. À travers cette scène, l’artiste ne se contente pas de reproduire de simples morceaux de viande, mais crée une composition visuelle où chaque détail est travaillé avec soin. La lumière se reflète sur les surfaces brillantes des morceaux de viande, mettant en valeur leur texture, leur couleur et leur forme. La précision du réalisme de l’artiste transforme ces objets en objets d’étude, où la lumière et l’ombre se jouent sur les différentes surfaces de la viande, du couteau et des autres éléments qui composent cette nature morte.

La composition est d’une simplicité qui permet de focaliser toute l’attention sur les matières représentées. Les morceaux de viande, disposés de façon à attirer le regard, sont traités avec une finesse technique qui témoigne du talent exceptionnel de Chardin pour la texture. En explorant la lumière qui éclaire ces morceaux, l’artiste parvient à capter un effet presque tactile, créant une interaction fascinante entre le spectateur et l’œuvre.

Il est aussi important de noter que la nature morte de Chardin va au-delà de la simple reproduction réaliste : elle invite à réfléchir à la fragilité de la vie, au caractère éphémère des choses terrestres. Les morceaux de viande, symboles de la nourriture et de la vie quotidienne, peuvent aussi être perçus comme des métaphores de la mortalité humaine. En cela, l’œuvre trouve un écho dans une tradition plus ancienne de la vanité, où les objets du quotidien sont présentés comme des rappels de la fugacité de la vie.

À travers cette œuvre, Chardin nous invite non seulement à contempler la beauté dans les choses simples et ordinaires, mais aussi à réfléchir sur le sens plus profond de notre existence et de la nature humaine. Sa technique picturale, d’une grande finesse, et sa capacité à sublimer le quotidien lui ont permis de créer une œuvre qui demeure un modèle du genre de la nature morte dans l’histoire de l’art, jadis célébré par Diderot, grand admirateur de Chardin.

Le saviez-vous ?

Chardin travaille toujours d’après nature et très lentement, Diderot raconte qu’il n’avait pas pu achever une nature morte car les lapins avaient pourri.

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Peint avec un soin méticuleux par Jean Siméon Chardin en 1730, ce tableau de petites dimensions est une très belle nature morte. 
Sa construction pyramidale met en scène des morceaux de viande suspendus dans une cuisine. En dessous, des ustensiles en terre cuite et en cuivre proposent un jeu savant de matière et de lumière. Pour mieux structurer sa toile, l’artiste ponctue la composition de touches de blanc, que vous pouvez notamment voir dans le torchon et les poireaux. 
Au 18e siècle, les compositions épurées de Chardin connaissent un grand succès. En 1728, le jury de l’Académie royale de peinture et de sculpture juge son travail impressionnant de réalisme et le reçoit en son sein. Diderot, grand admirateur de son art, le qualifie de “grand magicien”, et invite les peintres à observer ses œuvres pour en tirer un enseignement sur la nature. Officiellement peintre de nature morte, Chardin n’aborde la figure humaine qu’après 1730. Ses toiles d’alors sont considérées comme des incontournables, à l’image du Bénédicité ou de La Toilette du matin, évoquant des moments intimes de l’existence humaine, dans la lignée de ses natures mortes qui suggèrent, sans la montrer, la présence de l’homme.