Sir Joshua Reynolds délivre ici le portrait de Richard Robinson (1709-1794), archevêque d'Armagh depuis 1765 et futur premier primat d’Irlande. Rien, ou presque, n’indique la fonction religieuse de l’homme le plus influent de l’Église anglicane d’Irlande à la fin du 18e siècle.
Représenté de trois-quarts, appuyé sur une canne, le modèle adopte une posture déterminée sur un fond de paysage automnal. Délaissant l’habit épiscopal, Robinson porte un vêtement d’extérieur sobre mais raffiné, dont le tissu gris ardoise accroche subtilement la lumière et s’accorde à la couleur de ses gants. Le ruban bleu et la médaille de l'Ordre de Saint Patrick, ostensiblement tournée vers le spectateur, ont été ajoutés plus tard, après que Robinson ait reçu cette distinction en 1783. Son visage poudré, portant perruque et tricorne, le montre dans la force de l’âge, alors âgé de soixante-six ans. Au 18e siècle, les portraits d'évêques ainsi représentés sont rares : Robinson a plutôt l'allure d'un gentleman. Il souhaite en effet se montrer digne de la noblesse irlandaise. Il fait appel à son ami Joshua Reynolds, l’un des plus grands portraitistes de sa génération. Robinson avait précédemment commandé deux portraits en buste à Reynolds : en 1758 (collection particulière) et en 1763 (Oxford, Christ Church). Exposé à la Royal Academy en 1775, le portrait de Bordeaux reçoit un accueil des plus favorables. Robinson a fait graver cette œuvre pour diffuser son image auprès du public irlandais.