Sir Joshua REYNOLDS, "Portrait de Richard Robinson, archevêque d’Armagh, futur baron de Rokeby et primat d’Irlande"

(Plympton, 1729 - Londres, 1792)

Portrait de Richard Robinson, archevêque d’Armagh, futur baron de Rokeby et primat d’Irlande

Vers 1771-1775
Huile sur toile.
Hauteur 143,5 cm. Largeur 115 cm.
Historique : Exposition de la Royal Academy of Arts, 1775, n° 233 ; ancienne collection Elizabeth Montagu ; ancienne collection des barons de Rokeby ; ancienne collection du marquis de Winchester, 1883 ; vendu en France dans les années 1930 ; attribué par l’Office des Biens et Intérêts privés, MNR 335, 1952. Déposé au Musée, 1952.

L’homme représenté sur ce portrait est Richard Robinson (1709-1794), membre de l’église anglicane. Il fut archevêque d'Armagh et primat d'Irlande en 1765, avant de devenir baron de Rokeby en 1777 et chevalier du « Très illustre ordre de Saint-Patrick » en 1783. Coiffé d’un tricorne et d’une perruque, l’archevêque délaisse dans ce portrait son habit épiscopal pour une tenue d’extérieur. Appuyé sur une canne et vêtu d’un manteau gris ardoise assorti à ses gants, il porte un gilet foncé.  Son foulard noué autour du cou laisse apparaître la médaille de Saint-Patrick. Le modèle, représenté aux trois-quarts dans une posture déterminée, s’inscrit devant un rocher, laissant apparaître sur la gauche un paysage qui se déroule jusqu’à l’horizon. Son visage poudré est celui d'un homme dans la force d’âge. La couleur automnale est rendue grâce aux bruns et aux vert mordorés. 
Richard Robinson fut le modèle de quatre portraits peints par Reynolds : en 1758 (collection particulière), vers 1763 (Oxford, Christ Church ; gravé par Houston), en 1775 (Bordeaux) et vers 1779 (Birmingham, Barber Institute of Fine Arts). Selon le « Pocket Book » de l’artiste, le tableau bordelais nécessita sept jours de séances de pose en mai 1771 et fut payé 10 guinées le 22 juin 1775. James Northcote (1746-1831), alors élève du maître, réalisa les « draperies ». En 1783, Elizabeth Montagu (1718-1800), cousine du prélat et femme de lettres, prit peut-être soin de faire ajouter la médaille de Saint-Patrick, suspendue à un large ruban bleu céleste et ostensiblement tournée vers le spectateur.
Les peintres Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough (1728-1788) diffusèrent et développèrent le genre du portrait campé dans un paysage, initialement introduit en Angleterre par Van Dyck (1599-1641). Ils le hissèrent au rang de genre majeur en Grande-Bretagne. Peintre de l’aristocratie, Reynolds acquit une grande notoriété vers 1760 grâce à ses portraits pour lesquels il développa deux manières : formelle dans la tradition des portraits d’apparat, et « intimiste » où la qualité sociale du modèle n’est pas pour autant négligée.
Les portraits d’évêques représentés à la manière de gentleman sont très rares au 18ème  siècle. Afin de montrer qu’il était digne d’intégrer la noblesse irlandaise, Richard Robinson sollicita particulièrement  la subtilité et le talent de portraitiste de Joshua Reynolds. Ce portrait reçut un accueil des plus favorables à la Royal Academy en 1775, et Richard Robinson chargea John Raphaël Smith (1751-1812) de graver celui-ci afin de propager plus largement encore son image auprès du public.
Image de "Portrait de Richard Robinson, archevèque d'Armagh, futur baron de Rokeby et primat d'Irlande"©  Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier

"Portrait de Richard Robinson, archevèque d'Armagh, futur baron de Rokeby et primat d'Irlande"© Musée des Beaux-Arts-mairie de Bordeaux. Cliché L. Gauthier