Ce chanteur s'accompagnant au luth appartient à une série de musiciens représentés à mi-corps, sujet de prédilection de l’artiste.
Tournant le dos au spectateur, un musicien est représenté de trois-quarts, jouant du luth et chantant sur un fond neutre. Son visage porte un léger collier de barbe et une moustache plus fournie. Il est vêtu d’un lourd manteau brun d’où émerge la manche rayée et bouffante de sa chemise. Son large béret est agrémenté d’une grande plume rousse et blanche.
Brillant représentant du célèbre foyer caravagesque d’Utrecht (van Horsthorst, van Bylert...), aux Pays-Bas, Hendrick Ter Brugghen affectionne particulièrement la représentation de musiciens vus à mi-corps. S’il emprunte à Caravage, dont il a sans doute pu voir des œuvres lors de son séjour en Italie, ses sujets naturalistes et son usage du clair-obscur, il s’en démarque par un traitement moins dramatique de la lumière et par une truculence qui le rattache encore à la tradition hollandaise.
Parfois interprétées comme des allégories de l’ouïe, ses figures de fantaisie pourraient aussi exprimer une critique moralisatrice des plaisirs éphémères de la musique. Jouant d’une gamme de couleurs restreinte, l’artiste déploie dans la modulation des valeurs une aisance tout à fait remarquable. Le velouté de la manche bouffante, la plume du béret et plus encore le raccourci impressionnant du visage sont autant d’exemples des hautes qualités picturales de cette œuvre.