Né en Biélorussie et établi en France en 1910, Ossip Zadkine (1890-1967) entame une brillante carrière à Paris, mais ses origines juives le contraignent pendant la Seconde Guerre mondiale à partir se réfugier à New York. Au cours de cette période, il réalise d’après les photographies de son ami, le musicien belge Charles Leirens, le portrait de François Mauriac (1885-1970), grand écrivain bordelais.
À travers sa transcription cubiste, l’artiste parvient à restituer la présence physique et intellectuelle de l’écrivain et à évoquer sa personnalité plutôt introvertie, fine et subtile, parfois mordante, avec cette trouvaille formelle du geste de repli des mains.
Dans une lettre du 10 mai 1949, il propose à François Mauriac de lui offrir le plâtre original de son buste et lui explique sa démarche : « Le croiriez-vous si je vous disais que modeler votre buste [...] était pour moi une tentative de calmer mon mal du pays. Lorsque j’étais aux États-Unis comme un relégué et un déraciné, je m’accrochais à mes plus beaux souvenirs et à mes admirations. » Mauriac n’a pas été satisfait de ce portrait, sans doute trop audacieux pour lui !
Soucieux de la composition, le sculpteur organise ses volumes, créant une multiplicité de points de vue, tout en gardant de la lisibilité pour le spectateur.