Le Chêne foudroyé ou La Diseuse de bonne aventure

Jan Josephsz Van Goyen

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Date : 1638
Technique : huile sur toile
Dimensions : H : 165,5 x l. 144,5 cm
Acquisition : achat de la Ville, 1829
N° inv. : Bx E 302
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Le Chêne foudroyé, également appelé La Diseuse de bonne aventure, peint par Jan van Goyen en 1638, est une œuvre caractéristique de l’évolution du paysage hollandais au 17e siècle et l'un des chefs-d’œuvre de l'artiste. Un chêne majestueux, bien que victime de la foudre, se dessine sur un ciel menaçant, dominant de sa hauteur la scène pittoresque qui se passe au premier plan.  

Peint par l'artiste hollandais Jan van Goyen, ce tableau, exceptionnel par ses dimensions et son format en hauteur, mêle avec brio représentation naturaliste et dimension allégorique. Les trois quarts de la toile sont occupés par un ciel menaçant, couvert de nuages sombres, sur lesquels se distingue la silhouette massive d’un immense chêne. Son tronc noueux, fendu par la foudre, apparaît comme le personnage principal de l’œuvre. Jan van Goyen utilise une palette réduite, tonale, qui puise dans les infimes variations offertes par les ocres et les gris bleus. L’artiste joue également des contrastes de lumière, en plongeant une diagonale dans l’ombre - au premier plan à gauche - tandis que le chêne et les personnages reçoivent un éclairage puissant grâce à une lumière dorée. 

La scène pittoresque qui se déroule au pied de l’arbre est une scène de chiromancie : une bohémienne lit l’avenir dans la paume d’un passant. Ce sujet est très fréquemment représenté dans la peinture européenne du 17e siècle. Ici associée à la présence de la chouette perchée en plein jour sur une des branches du chêne, la scène revêt une dimension symbolique et critique l’aveuglement des hommes. La chiromancie était alors interdite par l’Eglise, et considérée comme une pratique hérétique. La foudre peut être lue comme une forme de punition divine. Le tableau est donc conçu comme une image de la stupidité humaine.

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Dans l’angle inférieur gauche, l’élégant chasseur accompagné de ses chiens serait un autoportrait de l’artiste. À droite, la figure féminine principale, celle de la bohémienne lisant les lignes de la main, est réalisée d’après le modèle antique sculpté de la Zingara (la Bohémienne), très populaire au 17e siècle parmi les artistes.

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Ce tableau est l’un des chefs-d’œuvre du peintre hollandais Jan Josephsz van Goyen, caractéristique du style presque monochrome qu’il a développé dans les années 1633-1644 à la Haye, après sa formation à Haarlem.  Autour d'un grand chêne mutilé par la foudre, véritable ossature du paysage, une perspective savamment étudiée permet de développer un vaste panorama, dominé par un ciel menaçant. La gamme des couleurs, réduite au jaune et au gris, tend à la monochromie. Devant l’arbre, une scène pittoresque décrit une rencontre en rase campagne. Une bohémienne lit l’avenir dans la paume de la main d’un villageois. A gauche de la composition, l’artiste a également inséré son autoportrait, sous les traits d’un élégant promeneur accompagné de ses chiens, qui interpelle le spectateur. 

De religion chrétienne, van Goyen ne se contente pas ici de décrire un motif pittoresque. Plusieurs détails attirent le regard et vous révèlent la vocation allégorique de ce paysage. Ainsi, la couleur rouge, que souligne le béret de l’homme, symbolise son manque de maîtrise face à la tentation de la superstition. La chouette, perchée en plein jour sur une branche morte du chêne effeuillé, représente l’aveuglement des hommes face à la chiromancie, pratique interdite par l’Eglise. Enfin, la foudre évoque la punition divine.