Artiste peu connu aujourd’hui, John Martin a pourtant fait sensation dès l’exposition de sa première œuvre à la Royal Academy de Londres en 1811. La composition dramatique, le goût pour le surnaturel et la lumière spectaculaire devinrent les traits caractéristiques de sa peinture, qui se rattache à l'esthétique du Sublime du romantisme britannique.
Grand admirateur du théâtre de son compatriote Shakespeare, Martin représente ici une scène clé de la pièce Macbeth (1623), dans laquelle les généraux Macbeth et Banquo, son fidèle compagnon, rencontrent trois sorcières.
Si on compare cette œuvre avec une précédente version de 1820 (qui n'est pas localisée), on constate que Martin modifie ici la disposition des personnages. Cette petite huile, de taille adaptée aux cabinets des collectionneurs fortunés, présente ces changements de manière subtile. Macbeth et Banquo tournent la tête vers les sorcières et guident notre regard. Leurs costumes incluent des armures et des boucliers des hautes terres d’Écosse, qui permettent de localiser la scène.
Les sorcières se fondent dans les nuages et disparaissent, tandis que le ciel orageux tourbillonne au-dessus de Macbeth et de son compagnon. Un soleil pâle éclaircit la partie supérieure gauche de l’œuvre. À l’arrière-plan, l'armée est représentée par de petites touches lumineuses. À droite, un éclair surnaturel zèbre le ciel, annonçant la disparition des sorcières.
La palette expressive, mêlant gris violacé et rose lumineux, est caractéristique des dernières œuvres de Martin et renforce l’atmosphère mystérieuse et dramatique.