La leçon aux poupées est caractéristique des scènes d'intimité familiale chères à Gaston Schnegg (1866-1953).
La fillette représentée est ici sa fille, Jeanne Schnegg qu'il a portraiturée à de nombreuses reprises tant dans son œuvre peint que sculpté et dessiné, la représentant tour à tour aux côtés de sa mère et de ses deux frères ou seule, occupée à diverses tâches domestiques.
L’œuvre est baignée d’une lumière claire et froide. Le décentrement de la figure humaine vers la droite, ainsi que les éléments tronqués accrochés au mur, contribuent à créer un effet de rupture dans la composition. Les couleurs jouent aussi un rôle majeur : le rose de la robe de la fillette et de la peluche, le rouge des souliers et des rubans suggèrent un univers à la fois enfantin et féminin. Les détails de la robe de l'enfant, des poupées et du mobilier sont rendus avec une grande précision, comme si chaque trait et chaque touche étaient ciselés.
L'attitude recueillie de la fillette, l'espace clos dans lequel elle joue peuvent évoquer les scènes de genre du 18e siècle et rappeler certaines œuvres de Jean-Siméon Chardin (1699-1779) comme Le Bénédicité (1740, musée du Louvre) ou encore L'Enfant au toton (1725-38, musée du Louvre). L'allusion du 18e siècle est aussi discrètement soulignée par l'assiette de faïence bordelaise dite « à la rose » qui, placée au-dessus de la fillette, signe le décor.