Le Siège de Troie, projet de décor pour Iphigénie

Giovanni Antonio Berinzago

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Date :  1761
[Signé, daté en bas à gauche] Berinzagus invenit die 14 Junij 1761 - Lutetie
Technique : Dessin à la plume et lavis d'encre brune sur papier
Dimension : H. 290 x L 440 mm
Acquisition : achat par la Ville de Bordeaux en 2020.
N. Inv : Bx 2020.5.1
Non exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Les dessins de Berinzago ont presque tous disparu. 
Cette acquisition constitue ainsi un rare et spectaculaire témoignage sur la vie théâtrale à Bordeaux au temps de Louis XV. Berinzago a été en effet le premier véritable décorateur des théâtres bordelais. Avant lui, les décors étaient réutilisés et non conçus pour une représentation spécifique.

Passionné de théâtre et devenu gouverneur de la Guyenne (ancienne province du sud-ouest), le Maréchal Duc de Richelieu eut à cœur de relever le niveau artistique de sa capitale. Il fut à l’origine de la construction du Grand-Théâtre et c’est lui qui fit venir l’Italien Berinzago à Bordeaux.

À la date à laquelle l'artiste exécuta ce dessin, les spectacles se déroulaient dans la vaste salle Dauphine, près de l’actuelle place Gambetta.
Il s’agit ici du dessin préparatoire au décor pour Iphigénie en Aulide, tragédie-opéra en trois actes du compositeur Gluck d'après un livret adapté de Jean Racine.
En janvier 1763, le rédacteur de L’Iris de Guyenne, ouvrage périodique dédié à Richelieu, s’enthousiasmait pour ce dernier décor de Berinzago : « Tous les yeux furent frappés d’une décoration digne du Théâtre des Tuileries. (…) Les coulisses figuraient des trophées et les tentes des rois de la Grèce, parmi lesquelles s’élevait avec magnificence celle d’Agammemnon. Au milieu du théâtre était dressé le vaste amas des machines qu’employaient les Anciens dans leurs sièges ; une haute tour montée sur ses roues se terminait par un pont-levis (…), des catapultes, des chars, des béliers étaient entassés sans confusion. Le fond du théâtre représentait un camp, que les règles de l’optique, très bien observées, faisaient paraître immense. La beauté de l’exécution dans les détails répondait à la grandeur du dessin. »

Exécutée en juin 1761, notre feuille, qui représente à la fois Troie assiégée et le campement des Grecs de l’autre côté d’un fleuve, apparaît donc bien comme un premier projet pour le spectacle bordelais, qui se tiendra un an et demi plus tard. 
L’indication « Lutetie » montre que Berinzago devait encore se partager entre Paris et la Guyenne.