Rolla

Henri Gervex

Image

Date : 1878
Signé, daté en bas à gauche : H. GERVEX 1878
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 175,5 cm ; l. 222 cm (sans cadre)
Acquisition : Legs Bérardi, 1926, Musée d’Orsay, Paris, en dépôt au MusBA depuis 1933
N° inv. : Bx E 1455
Exposé
Crédit photo :  F. Deval, mairie de Bordeaux

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Rolla est l’une des œuvres les plus célèbres du peintre Henri Gervex (1852-1929). Au-delà de sa dimension polémique, elle est aussi l’une des plus significatives de l’évolution du style de l’artiste, tiraillé entre la leçon de son maître Cabanel (traitement léché du nu dans la tradition académique) et les innovations de l’impressionnisme (modernité du sujet, traitement de la lumière…).

Gervex s’inspire ici d’un poème éponyme d’Alfred de Musset paru en 1833, qui relate le suicide d’un bourgeois oisif, débauché et ruiné, représenté en train de contempler le corps de sa vénale amante quelques instants avant de s’empoisonner pour échapper au déshonneur. Le tableau dépeint ce moment précis du poème : 

Rolla considérait d’un œil mélancolique
La belle Marion dormant dans son grand lit ;
Je ne sais quoi d’horrible et presque diabolique
Le faisait jusqu’aux os frissonner malgré lui.
Marion coûtait cher. Pour lui payer sa nuit
Il avait dépensé sa dernière pistole.     

La toile est retirée du Salon de Paris* de 1878 pour cause d'immoralité et d'indécence. Si le tableau fut jugé scandaleux, ce n’est pas en raison de la nudité du modèle, conforme aux canons académiques de l’époque, mais de l’amoncellement du linge féminin au premier plan : jupon, jarretière à terre, corset dégrafé à la hâte. Tous ces éléments indiquent le statut de prostituée de la jeune femme, auxquels répondent la canne (symbole phallique ici) et le haut-de-forme de l’amant.

**Exposition périodique, annuelle ou bisannuelle, d'œuvres d'artistes vivants qui se tint au Louvre du 17e au début du 19e siècle. (Larousse).

À noter

Refusé par le jury du Salon de 1878, Rolla est exposé à la curiosité des Parisiens dans la vitrine d'un marchand de tableaux de la rue de la Chaussée d'Antin. Le public s’y presse alors pour respirer le même parfum de scandale qui avait accompagné un an plus tôt la subversive Nana de Manet. L’œuvre est achetée par le patron de presse Gaston Bérardi qui la lègue au musée du Luxembourg en 1926. Affectée au musée d’Orsay, la toile est en dépôt au MusBA depuis 1933.

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