Représentée en pied, la princesse est vêtue d’une robe à l’anglaise gris-vert dont la large ceinture mauve rappelle la couleur des escarpins et du chapeau. Elle tient à la main droite une partition de musique tout en s’appuyant de la gauche au dossier d’un fauteuil placé devant un pianoforte. Derrière elle, une large baie ouvre sur un jardin paysagé orné d’une statue.
C’est en 1788 que le stathouder de Hollande, Guillaume V (1748-1806) invita pour la troisième fois Tischbein à se rendre à La Haye afin de peindre les portraits de sa famille (Amsterdam, Rijksmuseum).
Cette commande intervenait quelques mois après la défaite des républicains bataves et le rétablissement de Guillaume V par l’armée de son beau-frère, le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse. Ce dernier se rendit alors dans la capitale hollandaise afin de conclure des alliances matrimoniales, notamment l’union du fils d’un général prussien, Charles Georges Auguste de Brunswick-Wolfenbütell (1766-1806) avec la fille de Guillaume V, Frédérique Louise Wilhelmine (1770-1819). Ce fut sans doute à cette occasion que Tischbein réalisa ce portrait dans lequel il s’applique à rendre les plus infimes détails. Le couvercle du pianoforte laisse ainsi apparaître le nom du facteur (Gabriel Guillebard, La Haye 1788) tandis que les partitions de musique révèlent quelques titres : Sonates / au pianoforte : pour la princesse / Louise / par Collizzi (maître de chapelle de Guillaume V d’Orange et professeur de chant de la princesse).
Le portrait d’apparat, qui connut son apogée au cours du Grand Siècle, gagna au siècle suivant la noblesse de robe et la grande bourgeoisie. Ce type de portrait exclut toute spontanéité du modèle et participe à l’expression de la puissance et au renom du personnage central.
Les vêtements et les objets permettent d’identifier le modèle socialement (une princesse) et humainement (son goût pour la musique et les arts). La description de l’opulence est renforcée par le choix des textures et des matières luxueuses associées aux éléments du décor. Ici, l’artiste met l’accent sur la précieuse ornementation du large chapeau de la princesse : la soie rayée blanche et mauve qui le recouvre est rehaussée d’une grande écharpe blanche et de deux plumes d’autruche.