Francisco de Goya

Fuentedetodos (Aragon), 1746 – Bordeaux, 1828

Peintre, dessinateur et graveur, Francisco José de Goya y Lucientes (1746-1828) est l'un des plus célèbres et fascinants artistes de l'époque moderne. Apparu sur la scène artistique espagnole dans la seconde moitié du 18e siècle, il a su incarner à lui seul les richesses et les contradictions d'une Espagne qui abandonne son ancien monde dominé par l'aristocratie et l'Église au profit d'un nouvel ordre social incarné désormais par une bourgeoisie industrielle et commerçante et au sein duquel le peuple commence à faire entendre sa voix.

La diversité de son art s'étend sur une longue carrière de soixante-six ans : né le 30 mars 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, Goya peint ses premières œuvres à l'âge de seize ans et travaille jusqu'à sa mort à Bordeaux en 1828. 

Après un voyage en Italie et des succès de jeunesse à Saragosse, il est appelé en 1775 à se joindre, comme peintre de cartons de tapisserie, à l'équipe d'artistes dirigée par les artistes Mengs et Tiepolo, au service de la cour du roi d'Espagne Charles III, pour l'aménagement du nouveau palais à Madrid et des résidences royales autour de la capitale. Il y côtoie la haute aristocratie et d'illustres personnalités. Peintre talentueux bien qu'encore décoratif à ses débuts, Goya devient par la suite un témoin engagé des événements de son époque : son style et ses sujets d'inspiration auront ainsi constamment évolué au fil de sa vie. Considéré comme un précurseur de l'art moderne, il rompt rapidement avec la tradition de la peinture officielle par sa proximité avec le peuple qui en fait l'un des artistes les plus populaires en Espagne. On a coutume de placer le moment décisif de sa carrière autour de 1792. Cette année-là, une très grave maladie l'oblige en effet à une longue convalescence et le laisse définitivement sourd.

À quarante-six ans, Goya prend alors pleinement part aux mutations de la société espagnole qui voient le jour au tournant du siècle. Le mariage de son fils Javier en 1805 lui permet de bénéficier des réseaux d'influence d'une belle-famille active et bourgeoise. Cette dernière lui ouvre les portes des salons à la mode qui contribuent à sa notoriété et au succès de ses caricatures. Exécutées à l'aquatinte et repiquées à l'eau-forte, ces estampes satiriques sont d'une grande finesse et jouent savamment du clair-obscur. 

Goya reconnaît très tôt sa dette à l'égard des maîtres du passé : « J'ai eu trois maîtres : Rembrandt, Vélasquez et la nature ». Parmi eux, son compatriote Vélasquez occupe une place particulière dont témoigne la série des tableaux rassemblés au Palais royal - les portraits équestres de la famille royale entre autres - dont Goya entreprend la copie.

Par la longévité de sa vie et de sa carrière, Goya est à la fois un homme du 18e et du 19e siècle. Son œuvre novatrice et visionnaire le rattache ainsi déjà au siècle de Delacroix, de Baudelaire et de Manet, qui tous trois ont rendu hommage à son génie.

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