Jeune femme de Saint-Jean-de-Luz

Eugène Amaury-Duval

Image

Date : vers 1860.
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 46,2 x L. 37,2 cm
Acquisition : Achat de la Ville de Bordeaux à la galerie Talabardon & Gautier, Paris 2018.
N° inv. : Bx 2018.7.1
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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La femme sublimée : le coup de cœur d’un portraitiste parisien pour les femmes basques.

Eugène Emmanuel Amaury Pineux Duval dit Amaury-Duval (1808-1885), séjourne au Pays basque en 1859 afin de réaliser un décor pour le chœur de la chapelle Saint-Eugénie de Biarritz, une commande de l’impératrice Eugénie et de Napoléon III. Le décor ne sera cependant jamais réalisé, l’artiste prétextant le mauvais état des murs de la chapelle. À son retour à Paris en 1860, il s’inspire de ses dessins pour exécuter plusieurs portraits de jeunes filles de Saint-Jean-de-Luz dont la beauté le fascinait, œuvres caractéristiques de sa maturité.

Une vision idéalisée, un coup de pinceau invisible, la pureté des coloris, le modelé délicat des chairs et cet intemporel profil grec inscrivent Amaury-Duval dans la lignée de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Élève de ce dernier dès 1825, il fut sans conteste l’un de ses interprètes les plus brillants. Amaury-Duval est également l’auteur de L’Atelier d’Ingres (1878), ouvrage considéré comme une référence majeure sur l’enseignement du maître.

Dans ses œuvres, l’artiste mêle inspirations religieuse et profane. À l’époque, les critiques saluent les compositions léchées d’Ingres et de ses disciples, tout en s’en prenant régulièrement à l’esthétique romantique. Cependant, peu à peu, la tendance s’inverse. Charles Baudelaire, défenseur d’Eugène Delacroix, qualifie les œuvres d’Amaury-Duval et d’Ingres « d’une affèterie prétentieuse et maladroite ». Il faudra attendre la toute fin du 19e siècle pour que leurs travaux soient à nouveau appréciés à leur juste valeur, notamment grâce à l’impulsion de Maurice Denis, l’un des cinq fondateurs du mouvement Nabi. Ce mouvement de jeunes peintres symbolistes, passionnés d’ésotérisme et de spiritualité, prônait un retour à un imaginaire libéré des exigences du réalisme. Maurice Denis évoquera Amaury-Duval comme un « esprit délicieux et tendre ».

Le détail intéressant

Cet achat a permis de faire entrer dans les collections bordelaises une œuvre caractéristique de l’esthétique ingresque, jusqu’alors peu représentée au musée.

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Transcription de la notice de l'œuvre

Cette étude, réalisée dans les années 1860 par le peintre Amaury-Duval alors qu’il séjourne au Pays basque, représente, d’une manière idéalisée, une jeune femme de la région. 
La touche invisible, le modelé très délicat des chairs et le profil grec intemporel que le peintre prête à son modèle, l’inscrivent dans la droite lignée d’Ingres, dont il fut l’élève à partir de 1825. En effet, et contrairement aux peintres romantiques comme Delacroix, Amaury-Duval privilégie dans ses œuvres le dessin et la ligne à la couleur. Au 19e siècle, Ingres et Delacroix opposent leurs esthétiques et leurs opinions. Les critiques de l’époque préfèrent alors les compositions léchées d’Ingres et de ses disciples, et s’en prennent régulièrement à l’esthétique romantique. Petit à petit, la tendance s’inverse et Baudelaire prend la défense de Delacroix. Dans ses critiques tirées des Salons, le poète rend compte des expositions annuelles au Louvre. Il juge les œuvres d’Amaury-Duval et d’Ingres « d’une affèterie prétentieuse et maladroite ». Grâce à l’impulsion de Maurice Denis, figure de proue du mouvement nabi au début du 20e siècle, qui parle d’Amaury-Duval comme d’un « esprit délicieux et tendre », les œuvres d’Ingres et de ses disciples sont aujourd’hui de nouveau appréciées à leur juste valeur.