Eugène Emmanuel Amaury Pineux Duval dit Amaury-Duval (1808-1885), séjourne au Pays basque en 1859 afin de réaliser un décor pour le chœur de la chapelle Saint-Eugénie de Biarritz, une commande de l’impératrice Eugénie et de Napoléon III. Le décor ne sera cependant jamais réalisé, l’artiste prétextant le mauvais état des murs de la chapelle. À son retour à Paris en 1860, il s’inspire de ses dessins pour exécuter plusieurs portraits de jeunes filles de Saint-Jean-de-Luz dont la beauté le fascinait, œuvres caractéristiques de sa maturité.
Une vision idéalisée, un coup de pinceau invisible, la pureté des coloris, le modelé délicat des chairs et cet intemporel profil grec inscrivent Amaury-Duval dans la lignée de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Élève de ce dernier dès 1825, il fut sans conteste l’un de ses interprètes les plus brillants. Amaury-Duval est également l’auteur de L’Atelier d’Ingres (1878), ouvrage considéré comme une référence majeure sur l’enseignement du maître.
Dans ses œuvres, l’artiste mêle inspirations religieuse et profane. À l’époque, les critiques saluent les compositions léchées d’Ingres et de ses disciples, tout en s’en prenant régulièrement à l’esthétique romantique. Cependant, peu à peu, la tendance s’inverse. Charles Baudelaire, défenseur d’Eugène Delacroix, qualifie les œuvres d’Amaury-Duval et d’Ingres « d’une affèterie prétentieuse et maladroite ». Il faudra attendre la toute fin du 19e siècle pour que leurs travaux soient à nouveau appréciés à leur juste valeur, notamment grâce à l’impulsion de Maurice Denis, l’un des cinq fondateurs du mouvement Nabi. Ce mouvement de jeunes peintres symbolistes, passionnés d’ésotérisme et de spiritualité, prônait un retour à un imaginaire libéré des exigences du réalisme. Maurice Denis évoquera Amaury-Duval comme un « esprit délicieux et tendre ».