La scène représentée se réfère ici à un fait historique avéré : la rencontre entre Montaigne et Le Tasse en 1581.
Poète au style épique, ce dernier connut la gloire à la cour du duc de Ferrare (Italie), qui le fit interner sept ans, en raison de sa folie, à l’hôpital d’aliénés de Sainte-Anne.
Montaigne rapporta la visite qu’il lui fit dans le chapitre XII des Essais – dont on peut signaler que l’unique exemplaire manuscrit, inscrit au patrimoine de l’Unesco en mai 2023, est conservé à la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, la ville natale de Montaigne et dont il fut maire dans les années 1580.
La théâtralité de la composition, inhérente au style troubadour dans son idéalisation du passé, est accentuée par la gestuelle et par le contraste dramatique de la scène : d’un côté, la pénombre enveloppant Montaigne, habillé sobrement, accompagné du geôlier, de l’autre la lumière jaillissant de l’entrée du lugubre souterrain et éclairant violemment la figure tourmentée du prisonnier, dans son éclatant costume à crevés, ses bas trivialement défaits.
Cette attention aux détails et cette minutie typique du trait ont d’ailleurs conduit Fleury-Richard à privilégier la perfection formelle à la quantité de tableaux produits.
L’entrée de cette œuvre au sein des collections du MusBA permet de compléter la collection 19e, en faisant le lien entre la peinture hollandaise, source d’inspiration des peintres troubadour, et le romantisme, point fort de la collection du musée autour des chefs-d’œuvre de Delacroix, en passant par le néoclassicisme davidien.