« Une jeune fille vêtue de deuil, et dans la plus grande douleur ; sa tête penchée est appuyée auprès d’une urne. La beauté des formes et la vérité du ton, distinguent toujours les ouvrages variés et inappréciables de cet artiste. » Le marchand de tableaux parisien Jean-Baptiste Le Brun (1748-1813) décrit ainsi cette œuvre, appelée aussi Tête de jeune fille dite « Arthémise », dans le catalogue de vente de la prestigieuse collection du comte de Vaudreuil, le 26 novembre 1787.
Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), élève de Charles-Joseph Natoire, avait déjà abordé le thème de la veuve inconsolable dans un tableau peint vers 1762 et conservé à la Wallace Collection à Londres.
Dans la peinture bordelaise, l’artiste reprend un cadrage serré, fréquemment utilisé pour ses têtes d’expression féminines, où de jeunes femmes larmoyantes sont
vues en buste, dans la veine de scènes empreintes d’un sentimentalisme souvent moralisateur. Ici, l’expression de la douleur passe par la position de la tête penchée, le regard tourné vers le ciel et la bouche légèrement ouverte. L’originalité et l’intérêt de L’Inconsolable résident dans le traitement néoclassique de la chemise blanche, ourlée d’une broderie d’or, et de l’urne ornée de putti.
Cette œuvre complète le fonds du 18e siècle français du musée, riche d'environ cent cinquante œuvres et vient faire écho à la Jeune femme effrayée par l’orage, également conservée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, dans laquelle Greuze a figuré la confrontation de la fragilité humaine et de la nature déchaînée.