Picasso (1881-1973) épouse l’Ukrainienne Olga Kokhlova en 1918, un an après l’avoir rencontrée à Paris alors qu’elle était danseuse de la troupe des Ballets russes de Serge Diaghilev (Picasso était alors chargé des décors et des costumes du ballet Parade).
Le couple vit alors une période heureuse d'une dizaine d'années, le peintre renonçant à la vie de bohème d'avant-guerre pour une existence plus mondaine.
Ce tableau de grandes dimensions, peint à l'huile (même s'il donne l'impression d'un dessin au fusain compte tenu de son traitement en grisaille), est un exemple des nombreux portraits que Picasso réalise de sa femme Olga, puis de leur fils Paulo. Il contraste avec ses œuvres cubistes contemporaines par son style classique, souvent appelé « ingresque » en référence à l'artiste Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867).
Picasso donne d'Olga une image gracieuse, réservée, le regard souvent rêveur, parfois absent. Elle est ici prise par la lecture, les paupières baissées un peu lourdes, les yeux marqués par un cerne sombre, laissant poindre une certaine tristesse.
Les bras repliés d'Olga, ses mains tenant un livret placé au centre de la composition, et son visage sont finement ombrés selon un dessin en courbes assez sommaire, qui accentue leur volume. Cet alourdissement des formes que l'on peut noter dès 1917 gagnera l'ensemble de ses figures pour aboutir aux effigies sculpturales de 1922-1923.