Ce portrait est l’un des rares qui aient été réalisés par le peintre bordelais Charles Lacoste (1870 - 1959), plus connu pour ses paysages contemplatifs, qui le rattachent à l’esthétique symboliste, aux frontières de l’impressionnisme.
De façon très dépouillée et stylisée, l’artiste rend ici hommage à son ami et mécène Gabriel Frizeau (1870-1938), rencontré en 1884 au Grand Lycée de Bordeaux. Grand collectionneur de Gauguin, cet amateur d’art éclairé et avant-gardiste, figure incontournable du milieu culturel bordelais au tournant du XXe siècle, tenait un salon réputé, où se croisaient des écrivains tels que Francis Jammes, François Mauriac, André Gide, ainsi que des artistes parmi lesquels les Bordelais Odilon Redon et André Lhote, qu’il avait soutenus alors qu’ils étaient encore inconnus.
L’expression de sereine humilité du modèle est fidèle à la personnalité discrète de Frizeau dont la silhouette, représentée en buste et de profil, se découpe sobrement sur un fond de paysage décoratif presque abstrait.
La présence insolite de branches de cerisier en fleur, qui rayonnent dans le ciel comme une auréole tout autour de la tête du collectionneur, ainsi que la vision synthétique du sujet, traité en aplats, témoignent de la vogue du japonisme, révélé quelques années plus tôt par les Nabis.