Dans cette nature morte représentant une fin de repas, Jan Davidsz de Heem illustre une vanité, un thème courant dans la peinture hollandaise du 17e siècle. Le tableau évoque en effet le passage du temps, la fragilité de la vie et le triomphe de la mort sur les choses vivantes.
Au centre, un verre à vin appelé « römer » dévoile par transparence une coupe métallique renversée, entourée d'une pelure de citron et de trois roses, dont une en bouton. Au fond, se dessine discrètement une longue flûte en verre remplie. À droite, sur un tissu blanc froissé, reposent une autre timbale renversée, une pipe en faïence blanche, des cure-pipes et trois cerises. La rose coupée avant de s'épanouir symbolise la brièveté de la jeunesse. La pipe éteinte, le verre vide, l’argenterie renversée et le tissu froissé suggèrent la fin du repas et, plus largement, le caractère éphémère de la vie.
Les artistes hollandais avaient une prédilection pour les natures mortes, aux connotations morales et religieuses. Ici, la rose est un attribut associé à la Vierge Marie. L’écorce du citron pelé symbolise le déroulement de la vie terrestre abandonnant l’enveloppe corporelle pour libérer l’essence spirituelle. Les trois cerises peuvent faire référence à la mort du Christ et à la Trinité.
Cette œuvre est caractéristique des premières compositions de l’artiste, où domine l’exigence d’équilibre et de retenue. La virtuosité du peintre s’exerce tant dans les savants effets de perspective que dans une subtile monochromie.