Comme l’écrit en 1982 l’historienne de l’art Dora Vallier (1921-1997), un tableau n’est pour Braque (1882-1963) « qu’une trame de rapports. D’où le peu d’importance qu’il attache au sujet » et la prédilection pour les natures mortes dans l’ensemble de son œuvre.
Dès 1907, après sa rencontre avec Picasso, Braque amorce une série de natures mortes qui marquent l’évolution de son style, d’un cubisme fortement influencé par l'œuvre de Paul Cézanne, vers un cubisme analytique puis synthétique. De 1920 à 1939, il « assouplit » sa technique et élabore ce qui deviendra son style propre, élargissement de sa palette et attention accrue à la facture.
Intéressé par la matérialité de la peinture, Braque travaille par empâtements, surcharge par endroits sa toile de plusieurs couches et introduit de la sciure ou de la limaille de fer dans les pigments qu’il broie. Il diversifie ainsi la matière, jouant sur le contraste des textures comme le rêche, le rugueux et le mat.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, son style, d’une sobriété poussée jusqu’à l’ascétisme, reflète l’austérité et la dureté de l’époque. L’humilité des objets représentés - un broc, une cuvette et une éponge - s’accompagne d’une palette restreinte : des tons sombres et terreux, où dominent le vert, l’ocre, le brun foncé et la terre de Sienne, qui portent la marque du temps.
Cette œuvre s'inscrit dans la dernière période de l'artiste, celle de l'épanouissement final.