Au 19e siècle, la mer devient pour les romantiques un sujet de prédilection permettant de célébrer la figure du héros et de son sacrifice, à travers la confrontation entre l’homme et cet élément naturel aussi dangereux qu’imprévisible.
Cette œuvre évoque un haut fait de la marine bordelaise. En 1822, le capitaine Desse, parti de Bordeaux à bord de la Julia, croise un navire hollandais, le Colombus, pris dans une violente tempête et très endommagé. Les vagues menacent d’engloutir les deux navires. En cinq jours, Desse sauve de la mort 92 membres de l’équipage.
Le peintre compose une scène dramatique, plaçant au premier plan le Colombus en perdition, emporté dans une gigantesque vague, tandis que la Julia apparaît à l’arrière-plan, en déséquilibre sur une autre vague.
Inspiré par Turner, Gudin dépeint une mer démontée, sombre et lumineuse, avec une écume travaillée. Il déclara : « entraîné par la beauté du sujet, j'ai fait ce tableau plus grand qu'il ne m'était commandé » et « avoir passé un temps infini après les détails ».