Trait de dévouement du capitaine Desse, de Bordeaux, envers le Colombus, navire hollandais

Théodore Gudin

Image

Date : 1829
Signé, daté en bas à droite : T. GUDIN 1829
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 210 x L. 295 cm
Acquisition : achat de l'État, 1832, transféré en pleine propriété à la Ville de Bordeaux, 2012
N° inv. : Bx E 68
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Attirance pour la nature hostile…

Au 19e siècle, la mer devient pour les romantiques un sujet de prédilection permettant de célébrer la figure du héros et de son sacrifice, à travers la confrontation entre l’homme et cet élément naturel aussi dangereux qu’imprévisible.

Cette œuvre évoque un haut fait de la marine bordelaise. En 1822, le capitaine Desse, parti de Bordeaux à bord de la Julia, croise un navire hollandais, le Colombus, pris dans une violente tempête et très endommagé. Les vagues menacent d’engloutir les deux navires. En cinq jours, Desse sauve de la mort 92 membres de l’équipage.

Le peintre compose une scène dramatique, plaçant au premier plan le Colombus en perdition, emporté dans une gigantesque vague, tandis que la Julia apparaît à l’arrière-plan, en déséquilibre sur une autre vague. 

Inspiré par Turner, Gudin dépeint une mer démontée, sombre et lumineuse, avec une écume travaillée. Il déclara : « entraîné par la beauté du sujet, j'ai fait ce tableau plus grand qu'il ne m'était commandé » et « avoir passé un temps infini après les détails ».

Le comble et la polémique

Le sauvetage ayant impliqué de jeter à la mer la cargaison du Colombus, Desse se verra intenter un procès par les armateurs hollandais. Pourtant décoré de la Légion d’Honneur et de l’ordre du Lion-Belgique par les Hollandais, il sera condamné par le tribunal d’Amsterdam à payer 87 000 francs. Malgré le soutien financier du roi de Hollande, il devra vendre la Julia pour régler le reste.

Ce revirement fut perçu par ses contemporains comme une forme de justice, car Desse fut aussi capitaine négrier, actif dans la traite des esclaves malgré son abolition en 1794 (elle se poursuivit jusqu’en 1837 à Bordeaux).

À noter !

Commandée en 1828 par le ministre de l’Intérieur, cette œuvre fut exposée au Salon de 1831. 

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Écoutez la notice consacrée aux deux marines L'Incendie du steamer Austria d’Eugène Isabey et le Trait de dévouement du capitaine Desse de Théodore Gudin.

Transcription de l'audio

Avec ces deux marines, vous voici plongé dans le mouvement romantique ! 
Spectaculaires et dramatiques, ces deux toiles relatent des évènements qui se sont réellement produits au 19e siècle, siècle épris de faits divers. Dans la première, peinte par Eugène Isabey, vous pouvez contempler les effets de lumière produits par un incendie en mer qui détruisit le steamer Austria. Les passagers tentèrent de quitter le navire sur des chaloupes surchargées, qui se fracassèrent sur les flancs du navire. La fin fut tragique puisque sur 500 passagers, 443 périrent ! Le second tableau, exécuté par Théodore Gudin, premier peintre officiel de la Marine royale, représente un haut-fait : lors d’une tempête, le capitaine Desse, parti de Bordeaux à bord de la Julia, croisa un navire hollandais en détresse, le Colombus. Pendant cinq jours, il sauva tous les membres de l’équipage. 

Motifs chers aux peintres hollandais et italiens du 17e siècle, les naufrages et les tempêtes sont souvent repris par les romantiques, séduits par le caractère dramatique de ces scènes, mais aussi par l’exaltation de la figure du héros.