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Eugène Delacroix, Un lion à la source, 1841. Photo : F. Deval, mairie de Bordeaux.

Delacroix et Bordeaux

Pour toujours et à jamais !

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Les relations qu’Eugène Delacroix a entretenues avec Bordeaux constituent un chapitre peu connu de la vie de l’artiste, qui passa les premières années de son enfance dans la capitale de la Guyenne et lui resta durablement attaché.

Son père Charles-François y acheva une brillante carrière politique et diplomatique. Nommé préfet de la Gironde de 1803 à 1805, il s’installe au palais Rohan (actuel hôtel de ville). Son frère aîné, Charles-Henry, ancien général d’Empire qui s’était distingué dans les campagnes napoléoniennes s’était aussi retiré à Bordeaux (il est inhumé au cimetière de la Chartreuse).

L’arrivée de la famille Delacroix à Bordeaux coïncide avec la création du musée dont le premier conservateur, le peintre Pierre Lacour, fut chargé à cette époque de la restauration du décor du palais Rohan. S’il quitta Bordeaux à l’âge de sept ans pour s’installer à Paris avec sa mère et ses frères après la mort prématurée de son père, Delacroix y revint régulièrement à l’âge adulte.

Au côté de son ami, le peintre d’origine bordelaise Adrien Dauzats, il compta en effet parmi les plus fervents défenseurs et les hôtes les plus assidus du Salon de la Société des Amis des Arts de Bordeaux. Fondée en 1851 à l’initiative du consul d’Angleterre à Bordeaux, Thomas Brand Graham Scott, grand admirateur de Delacroix, cette société artistique fut l’une des plus actives de province dans la seconde moitié du 19siècle. Le salon qu’elle organisait chaque année contribua à la vitalité culturelle de la ville en y attirant les plus grands noms de la peinture. Fidèle à la ville de son enfance, Delacroix y participa de l’année de sa création jusqu’à sa mort en 1863 - et même au-delà, à titre posthume.
 
Chef-d’œuvre emblématique des collections bordelaises, La Grèce sur les ruines de Missolonghi fut l’une des gloires incontestées du premier Salon, en 1851, où Delacroix exposa aux côtés de Corot et de Gérôme. Encouragée par Pierre Lacour fils, la Ville de Bordeaux vota l’achat du tableau pour un montant de 2 500 francs, par délibération du conseil municipal le 2 février 1852.

Dans une lettre de remerciements adressée au maire le 31 mars 1852, Delacroix ne manque pas de rappeler les liens indéfectibles qui l’unissent à Bordeaux : « Tous mes souvenirs me rattachent à Bordeaux comme ma ville natale ; tout ce qui peut me venir de cette ville où se sont écoulées mes premières années et que j’ai tant de raisons de préférer, me trouvera tant que je vivrai, pénétré de la plus vive reconnaissance… »

Quelques années plus tard, en 1857, l’artiste est à nouveau représenté au Salon par sept tableaux dont sa célèbre Chasse aux lions, offerte un an plus tôt par l’Empereur à la Ville de Bordeaux. Un an après la mort de Delacroix, la Société des Amis des Arts lui rendit hommage en lui consacrant une rétrospective. Son souvenir se perpétue au Salon de 1869, où est présenté son Boissy d’Anglas à la Convention, acquis par la municipalité bordelaise en 1886, à Paris, lors de la vente de la collection de l’amateur bordelais John Saulnier.

Aujourd'hui encore, le musée continue à enrichir son fonds Delacroix comme en témoigne l'acquisition d'un dessin de l'artiste en 2025.