Edgard Maxence

Né à Nantes dans une famille aisée, rien ne le destine à une vocation artistique. Sa scolarité achevée, il s’inscrit à l’école des Beaux-Arts de la ville. En 1891, il est reçu au concours de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et intègre l’atelier de l’artiste nantais Jules-Elie Delaunay puis, à la mort de celui-ci, rejoint l’atelier de Gustave Moreau.
La rencontre avec ce dernier est décisive. Dans la correspondance que Maxence entretient avec son maître jusqu’à la mort de ce dernier, il sollicite ses conseils, parfois son aide, et Moreau, en retour, l’encourage et le félicite pour ses succès au Salon.

L’artiste expose pour la première fois au Salon des Artistes Français en 1894, et reste fidèle à l’institution en y participant chaque année ou presque jusqu’à sa mort. Si les premières œuvres présentées au Salon sont essentiellement des portraits, Edgard Maxence montre également son goût pour les scènes médiévales allégoriques. Il privilégie les sujets évoquant sa Bretagne natale qu’il imprègne d’une grâce et d’un mystère préraphaélites. Les images qu’il crée, mystiques, semblent appartenir à un monde ancien peuplé de femmes en prière dans des intérieurs d’église ou devant des paysages silencieux. Beaux et distants, éthérés mais séduisants, leurs visages sont élégamment cernés par de traditionnelles coiffes bretonnes, dénominateur commun de la culture chrétienne et des racines celtiques chères à l’artiste.

Au tournant du siècle, l’artiste est au faîte de sa gloire. L’État lui achète L’Âme de la forêt, œuvre exposée au Salon de 1898 ; puis il obtient une médaille d’or à l’Exposition décennale de 1900 avec Les Fleurs du lac.

Les années d'après 1900 ont surtout été marquées par une période plus « alimentaire » (il se marie en 1897), qui l’amène à produire, lui l'homme peu attiré par les mondanités et pourtant issu d'un milieu aisé, de nombreux portraits de commande pour une bourgeoisie locale, nationale, voire internationale, où le symbolisme n'est pas encore totalement absent.
Bien qu’il doive sa renommée à ses visions allégoriques et légendaires, Maxence s’avèrera également un excellent portraitiste, comme le critique Roger Grand le remarque « Même dans ses plus grands tableaux, la partie la plus importante est toujours la tête et ses compositions ne sont guère que d’habiles et ingénieux groupements de portraits ».

Jusqu’à sa mort en 1954, Maxence, dont l’univers personnel reste mystérieux et fascinant, multiplie ces images intemporelles, insensible aux critiques et à l’évolution de l’art moderne.

Cet artiste a fait l’objet en 2010 d’une première exposition monographique par sa ville natale de Nantes. Cela a permis de redécouvrir et de réévaluer son œuvre longtemps méconnue. La récente préemption d'un magnifique panneau inédit, Jeune femme jouant de la mandore par le musée du Petit Palais témoigne enfin de cet intérêt renouvelé pour Edgard Maxence.

Les œuvres commentées de cet artiste