Très jeune, Edgard Maxence (1871-1954), déjà talentueux portraitiste, se démarque de ses contemporains par son goût pour les portraits féminins.
Avec cette œuvre empreinte d’une grâce juvénile, il offre une image hors du temps à notre regard.
On y retrouve ce saisissant mystère qui enveloppe tout l'univers de Maxence : le regard frontal de la fillette, empreint de douceur et de sérénité, semble pourtant distant. Comme si elle incarnait une image idéalisée de l'enfance.
L’innocence de l’enfance est rendue par le modelé délicat du visage de la petite fille, que permet la technique de la sanguine, parfaitement maîtrisée par l'artiste, tandis que les rehauts de gouache blanche, colorés d’une gamme chromatique raffinée, définissent la profondeur de l’espace onirique qui l’entoure : motifs d’architecture avec des colonnes à l’arrière-plan et « cotonneuses » fleurs ciselées au premier plan.
Ce dessin est caractéristique des créations de l’artiste dans lesquelles s’exprime l’influence de la contemplation des œuvres de son maître Gustave Moreau. Cependant, c’est plutôt vers une vision de l’enfance à rapprocher de celle d’Odilon Redon que ce dessin nous transporte. En effet, Redon a représenté à de nombreuses reprises, dans un espace presqu’abstrait seulement peuplé de fleurs et de motifs végétaux, de jeunes visages aux joues plus ou moins arrondies, à la beauté figée, presque mystique.