Image principale
Image
Pierre Lacour (Père), Vue d’une partie du port et des quais de Bordeaux dits des Chartrons et de Bacalan, 1804-1806, Photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

L'homme des Lumières : l’art européen du 18e siècle

Aile Lacour

Pour mieux comprendre cette période, qui s’étend de 1700 à 1815, l’accrochage est pensé en partant des œuvres et de ce qu’elles nous racontent sur la société des Lumières, sur les rapports des femmes et des hommes aux sentiments, au plaisir, à la raison et à l’éducation. 

Le 18e siècle est communément compris comme synonyme d’élégance, de frivolité et de superficialité. Toutefois, les peintures et les sculptures révèlent une autre face de la société, non plus limitée au libertinage, mais qui exprime une certaine gravité, une morale et divulguent de grands idéaux.

L'accrochage est guidé par la diversité de l’art du 18e siècle européen et s’organise en plusieurs espaces thématiques. Deux sections sont notamment dédiées aux écoles anglaise et italienne. 

Conteneurs
Zone de contenu

So British !

La première présente des chefs-d’œuvre de la peinture britannique (Joshua Reynolds, Thomas Lawrence, Allan Ramsay, Benjamin West…) dont le musée peut s’enorgueillir d’avoir une des plus importantes collections en France après celle du Louvre. Ce fonds exceptionnel s’est s’enrichi de deux tableaux de James Northcote, provenant de la collection Forbes, déposés par le Louvre. 

Singularités italiennes

La seconde section expose quelques-uns des plus beaux tableaux italiens d’Alessandro Magnasco et de Giambattista Pittoni.

Au 18e siècle, la peinture italienne effectue une métamorphose du style baroque au style rococo comme l’illustrent nos collections. La production des artistes de Venise, alors capitale des arts, connaît une renommée internationale si bien que Bellucci, Ricci, Diziani et Pittoni sont invités à voyager en Europe pour répondre à des commandes où ils introduisent un goût pour l’abondance décorative et une utilisation sophistiquée de la couleur. L’inclassable élève génois de Ricci, Magnasco, se détache de ce groupe par son originalité engagée rompant avec les sujets galants de ses confrères montrant la souffrance humaine où les figures distordues sont sublimées par des contrastes lumineux.

Le parcours se déploie ensuite avec un très grand format de Jean-Baptiste Van Loo, Auguste se fait prêter serment de fidélité par des princes barbares. Il permet de comprendre quelles étaient les attentes en matière de peinture de l’Académie royale de peinture et de sculpture à laquelle il appartenait. Un autre grand format de Jean Restout rappelle que la peinture d’histoire était essentiellement cantonnée aux grandes commandes de l’Église. Quelques tableaux de dévotion privée complètent cette section dont le Portrait d’un abbé de Nicolas de Largillière et Un Jeune Pèlerin d’Alexis Grimou. 

Un autre espace est consacré aux sciences et à l’éducation. Portées par les philosophes des Lumières, ces questions résonnent dans le Portrait de la Marquise du Châtelet de Marianne Loir, dont le modèle est l’une des plus grandes figures intellectuelles féminines du 18e siècle, ou encore dans la magistrale Leçon de labourage de François-André Vincent, qui illustre un des préceptes prodigués par Rousseau dans l’Émile (1762) sur la nécessité d’enseigner le travail des champs aux enfants de la noblesse. 

La thématique du sentiment, qui est aux sources du Romantisme, est exaltée dans Héro et Léandre de Jean-Joseph Taillasson, les Têtes d’expression de Jean-Baptiste Greuze, de Taillasson ou encore de Lacour, ainsi que les peintures théâtrales de Pierre-Narcisse Guérin. 

Les sujets de plaisir, de volupté et de divertissement, qui sont au cœur de l’épanouissement du style rococo, s’illustrent à travers une série de toiles galantes et mythologiques qui, à travers plusieurs épisodes de l’histoire de Vénus, honorent la beauté féminine.

Bordeaux, port des Lumières

Enfin, un ensemble d’œuvres est consacré à Pierre Lacour, peintre et premier directeur du musée des Beaux-Arts, qui occupa une place centrale dans la vie artistique à Bordeaux pendant quarante ans. Autour du majestueux Port de Bordeaux, des portraits exécutés par ses contemporains, les peintres Perronneau, Lonsing et Wertmüller, sont présentés, donnant ainsi à découvrir une société bordelaise des Lumières raffinée et cosmopolite, sans omettre les traces de l’implication de la ville et de ses notables en lien avec l’esclavage colonial. La présence d’un jeune homme d’origine africaine portant un collier de servitude aux côtés du duc de Duras dans le portrait réalisé par Lonsing en est l’illustration et permet d’évoquer la présence de personnes esclavisées à Bordeaux à cette période.