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Baron Pierre Narcisse Guérin, Enée racontant à Didon les malheurs de Troie , 1819, œuvre en cours de restauration, 2021. Photo : F. Deval, Mairie de Bordeaux

Restaurations des œuvres

Au musée, restaurer une œuvre ne se limite pas à réparer l’usure du temps : c’est aussi une manière d’en approfondir la compréhension, d’éclairer son histoire et de mieux la transmettre aux générations futures. Chaque intervention – du simple dépoussiérage à des traitements structurels complexes – s’inscrit dans un programme articulant conservation préventive, régulation climatique et priorités liées aux prêts.

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Texte avec ancre
'Giotto dans l'atelier de Cimabue' de Jules Claude Ziegler
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Dans la perspective de l’exposition Sage comme une image ? L’enfance dans l’œil des artistes 1790-1850 en 2025, le musée a entrepris en 2024 la restauration minutieuse de cette œuvre de Jules Claude Ziegler (1833, Inv. Bx E 688). Les expositions sont en effet l'occasion d'étudier et de restaurer les œuvres, mais aussi de préserver durablement les collections patrimoniales du musée.

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Œuvre avant restauration
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Œuvre en fluorescence UV 
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Œuvre après restauration

L’intervention a commencé par un nettoyage en profondeur, avec dépoussiérage au spalter, micro-aspiration et léger décrassage aqueux. Des projections en surface ont été retirées, ainsi que des résidus de cire, éliminés par spatulage à chaud avec un support absorbant.

Un traitement spécifique des déchirures a permis de stabiliser la toile grâce à des renforts thermocollés en non-tissé et à un repositionnement progressif de la couche picturale. L’allègement des vernis a été réalisé après de nombreux tests pour garantir un rendu homogène sans altérer les matériaux d’origine.

La réduction des déformations structurelles a nécessité des interventions ciblées, notamment la pose de cales, de bandes de tension en polyester, et la remise en tension progressive de la toile. Une consolidation légère des angles, fragilisés, a également été entreprise.

Enfin, un travail de retouche picturale et de revernissage a été mené avec des matériaux réversibles et stables, respectueux de l’œuvre et de sa lisibilité. La toile a été remise sur un châssis flottant neuf, avec un dos protecteur.

Un nouveau cadre sur mesure réalisé dans les ateliers du musée remplace l’ancienne baguette en bois brut existante. Plus adapté par son format et son esthétique, ce cadre permet de mettre l’œuvre en valeur. 

Un suivi particulier est recommandé, l'œuvre étant sensible aux variations d’hygrométrie. Des ondulations peuvent apparaître par temps très humide : le tableau devra être conservé dans un environnement stable, à l’abri des vibrations et des changements thermiques brusques.

Cette restauration a été menée par Cécile Jaïs-Camin, conservatrice-restauratrice de peintures habilitée musées.

'Le Port de Marseille sous la neige' d’Albert Marquet
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Une nouvelle œuvre d'Albert Marquet, récemment entrée dans les collections grâce à un don, a bénéficié d’une restauration complète qui a permis son intégration dans le parcours permanent de l’aile Bonheur. 

Bien que non datée, cette toile pourrait avoir été réalisée durant l’hiver 1916, lors d’un séjour de l’artiste, alors démobilisé, à Marseille. La restauration, menée in situ, s’est déroulée en deux temps : traitement du support, puis intervention sur la couche picturale.

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Détail avant restauration
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Vue après restauration

Parmi les opérations, on peut citer :

  • Stabilisation du support : démontage du cadre, nettoyage du châssis et de la toile au revers, consolidation des déchirures au moyen de pontages thermocollés avec fil de lin, et mise sous presse pour retrouver une bonne planéité.
  • Protection et nettoyage de la surface peinte : retrait soigneux des protections temporaires (facing), nettoyage doux de la couche picturale à l’eau, puis masticage des lacunes et retouches illusionnistes à la peinture au vernis.
  • Finitions : vernissage ponctuel, marquage du numéro d’inventaire sur le châssis, pose d’un intissé de protection au revers, et réintégration du tableau dans son cadre avec protection en plastazote.

Cette restauration a été menée par Sophie Jarrosson, conservatrice-restauratrice de peintures habilitée musées.

Texte avec ancre
'Le Météore' d’Odilon Redon
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Une intervention sur cette œuvre délicate et évocatrice de l'art d'Odilon Redon (Inv. Bx 2020.1.185), un fusain sur papier vélin ocre de 35,5 x 21 cm, issu de la collection du Professeur Robert Coustet léguée au musée en 2020, a permis d'assurer la pérennité de ce dessin fragile, tout en préparant sa présentation au public.

Conservée jusqu’alors dans un montage ancien, l’œuvre présentait un état de conservation moyen : ondulations du support, résidus de colles et arrachages dus à un précédent montage inadapté. Des bandes de kraft brun au verso exerçaient également une tension dangereuse sur la feuille.

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Avant restauration
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Après restauration

La restauration a consisté en plusieurs étapes : 

  • Démontage et nettoyage : retrait des charnières et des bandes de kraft, dépoussiérage, et nettoyage doux des résidus de colle et fibres de carton au moyen de gels aqueux spécifiques pour la restauration comme la gomme gellane.
  • Consolidation du support : comblement des arrachages avec une colle adaptée, lissage et remise au ton à l’aquarelle pour intégrer discrètement les zones restaurées.
  • Reconditionnement : après une mise sous poids de longue durée (4 semaines), le dessin a été remonté selon les normes de conservation : charnières en papier japonais, passe-partout en carton neutre, montage en paquet étanche avec un verre acrylique Optium, et calage en mousse Volara.

Des préconisations strictes de conservation et d’exposition accompagnent désormais l’œuvre : température stable, humidité contrôlée, et exposition à la lumière très limitée (50 lux, maximum 3 mois par an), afin de préserver l’intensité et la finesse du fusain.

Grâce à ce traitement, Le Météore est prêt à dialoguer avec le reste des œuvres symbolistes et à témoigner de la poésie visuelle d’Odilon Redon.

Cette restauration a été menée par Axelle Deleau, conservatrice-restauratrice d’arts graphiques habilitée musées.

Texte avec ancre
'Portrait d’une Aragonaise' d'Alexandre Antigna
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Acquise par legs en 2023, cette œuvre d’Alexandre Antigna (Inv. Bx 2023.6.1) de la seconde moitié du 19e siècle, a récemment fait l’objet d’une restauration approfondie dans les ateliers de conservation et restauration du musée. Cette huile sur toile de 80 x 60 cm avec cadre, présentait un relâchement du support, un vernis jauni, ainsi qu’un encrassement général altérant sa lisibilité.

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Oeuvre avant restauration
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Détail avant restauration
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Œuvre après restauration

Un traitement complet pour redonner lisibilité et stabilité à l’œuvre
La couche picturale, bien que globalement stable, montrait des traces d’usure et des repeints anciens visibles à la lumière UV. Un nettoyage en profondeur, combinant allègement du vernis oxydé et traitement par gels spécialisés, a permis de retrouver les contrastes et les nuances d’origine. Un vernis intermédiaire a ensuite été appliqué pour protéger les couches originales avant retouche.

La réintégration picturale a été réalisée avec des matériaux réversibles : aquarelles et couleurs à vernis, posées en glacis ou par repiquage selon les zones, dans le respect des techniques d’origine.

Une intervention sur la toile et le châssis
Le support toile, légèrement déformé, a été traité avec soin : retrait du châssis, nettoyage à sec, application de vapeur d’eau pour détendre les fibres, puis remise en tension. Des bords de tension renforcés ont été ajoutés pour garantir une bonne stabilité à long terme. Le châssis d’origine, conservé, a été nettoyé, renforcé et les clés fixées pour éviter tout mouvement.

Une restauration du cadre
L’intervention s’est étendue au cadre doré, dont la surface présentait une patine jaunie et encrassée. Un décrassage contrôlé, accompagné de retouches à l’aquarelle, a permis de raviver la dorure sans altérer son caractère d’origine. Le tableau a ensuite été réencadré avec un système de calage sur mesure en bois de balsa et mousse plastazote, garantissant un maintien sûr et respectueux.

Des préconisations pour la conservation future
Le tableau est désormais dans un état de conservation stabilisé, mais restera soumis à une surveillance régulière. Les conditions climatiques (température, humidité relative) devront être contrôlées bimensuellement, tout comme l’évolution éventuelle des matériaux. Le traitement constitue ainsi un nouveau départ pour l’œuvre, assurant sa préservation et sa présentation dans les meilleures conditions.

Cette restauration a été menée par Tiziana Mazonni, conservatrice-restauratrice de peintures habilitée musées.