Le Port de Marseille

Le don de cette toile en 2024 vient compléter la collection de référence d’œuvres d’Albert Marquet (1875-1947) détenue par le MusBA : plus de 120 peintures et dessins, permettant de retracer la carrière de cet artiste girondin.
 
Démobilisé pour des raisons de santé, Marquet séjourna régulièrement dans la cité phocéenne entre 1915 et 1918. Il « se sentait chez lui partout où il y avait de l’eau et des bateaux », se rappelait son épouse Marcelle, et il trouvait à Marseille un refuge privilégié loin du tumulte de la guerre.
Fasciné par les paysages du port, il en réalisa de nombreuses variantes, en toutes saisons.
 
Cette version témoigne de l'évolution du style et de la diversité des œuvres de l’artiste à cette époque. En quelques traits de pinceau d’apparence rapide, Marquet capture le port un matin d’hiver dans une construction synthétique aboutie, avec un sens aigu du cadrage.
 
Comme à son habitude, il divise ici l'espace en trois parties.
Adoptant un point de vue en contre-plongée, probablement depuis la fenêtre de son atelier, il trace une ligne diagonale, avec au premier plan le quai enneigé, donnant sur des barques et un bateau de pêche, dont les reflets animent calmement l’eau.
Le port se déploie jusqu'à une vue plus éloignée de la ville et du ciel gris, marquant une ligne horizontale qui donne à la scène sa facette panoramique.
L’ensemble est baigné d’une lumière douce et diffuse effaçant les détails - on reconnaît la flèche de l'église Notre-Dame-des-Accoules en haut à droite, permettant de situer l’endroit où Marquet peignait : le quai de la Rive-Neuve.
 
Cette nouvelle acquisition s'ajoute aux nombreuses œuvres de la période marseillaise, mais aussi à celles représentant des ports d'autres villes comme Hambourg, La Rochelle, La Chaume en Vendée ou encore Alger, ce qui permet de suivre l’évolution de son regard sur les ports.