En 1905, Marquet (1875-1947) fait partie, aux côtés de Matisse, Camoin, Derain, Manguin et Vlaminck, des six artistes qui exposent dans la salle VII du Salon d’Automne à Paris. « Bariolages informes », « brosses en délire » : leur travail est jugé inacceptable par l’ensemble des critiques, dont Louis Vauxcelles, qui les qualifie du sobriquet de « fauves », pour décrire leurs tableaux aux couleurs pures et stridentes.
Le Sergent de la coloniale est un portrait emblématique de la brève période fauve de Marquet. On y retrouve le dessin rapide, synthétique et les vifs contrastes de couleurs.
Le modèle est planté sur son tabouret, dans un espace vide qui met en valeur son uniforme, dont l’artiste exagère légèrement l’ampleur des épaulettes jaune vif). Marquet parlait peu mais avait le trait saillant et l’esprit moqueur, relevant le détail qui définit un personnage. Même s'il semble quelque peu inquiet d’être portraituré d’une manière aussi vive, son sergent n'en est moins pas moins fier de poser dans son uniforme de parade.
Fauve dans son traitement, ce tableau n'est toutefois pas sans rappeler Manet. Tout y évoque Le Fifre, une des toiles les plus mystérieuses du chef de l'école des Batignolles, non pas dans l'interprétation fidèle, mais dans sa façon d’accentuer les contrastes et de plomber la couleur afin de lui donner tout son poids visuel.