Le Jardin au Pyla

Albert Marquet

Image

Date : 1935
[signé en bas à gauche] : Marquet
Technique : huile sur toile
Dimensions : H. 65 cm ; L. 81 cm (sans cadre)
Acquisition : achat de la Ville, 1960
N° inv. : Bx 1960.4.14
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

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Dans un paysage de Marquet, tout est dit avec une économie de moyens.
Tout est à sa place, tout est suffisant.
Le peintre observe puis recrée la réalité telle que son regard l'a perçue, telle que sa mémoire immédiate l'a enregistrée. L'espace est organisé en plans successifs auxquels s'ajoute une construction colorée, saisissant les plus subtiles nuances de tons.
 
Invité par le musée dans le cadre d’un Regard croisé en 2018, le cinéaste Patrice Leconte, grand admirateur de Marquet, commente cette toile : « Albert Marquet n’aimait pas qu’on le regarde peindre, ça l’embarrassait. C’est pour cela que les trois-quarts de ses tableaux sont vus en plongée ; parce qu’il les peignait depuis le balcon de son hôtel, ou bien de la villa qu’il avait louée.

Au moins, sur un balcon, il avait une paix royale ; personne ne pouvait venir par-dessus son épaule pour commenter son travail. Son Jardin au Pyla n’échappe pas à cette règle. Marquet surplombe le paysage.

Ce qui est toujours frappant, c’est la façon qu’avait Marquet d’esquisser ses sujets, comme s’il s’agissait de croquis exécutés au pinceau. Jeune homme, avec son ami Henri Matisse, ils s’installaient tous les deux à une terrasse de café, et faisaient des concours de rapidité de croquis, prenant pour modèles les passants ou les colporteurs.

Cette rapidité d’exécution se retrouve dans cette toile. Si on s’en approche, on se rend compte que les baigneurs, la femme de dos, ou les embarcations au loin, sont à peine esquissés. Comme si Marquet s’en tenait à l’essentiel, ce qui est le comble du talent, quand d’autres artistes méticuleux se rassurent en se perdant dans tant de détails inutiles.
Et puis enfin, il y a ce goût de la couleur, des ombres, et de la lumière. »

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Albert Marquet n’aimait pas qu’on le regarde peindre, ça l’embarrassait. C’est pour cela que les trois-quarts de ses tableaux sont vus en plongée ; parce qu’il les peignait depuis le balcon de son hôtel, ou bien de la villa qu’il avait louée, ou encore de son appartement, quai des Grands-Augustins. 

Au moins, sur un balcon, il avait une paix royale ; personne ne pouvait venir par-dessus son épaule pour commenter son travail. Son jardin au Pyla n’échappe pas à cette règle. Marquet surplombe le paysage. Ce qui est toujours frappant, c’est la façon qu’avait Marquet d’esquisser ses sujets, comme s’il s’agissait de croquis exécutés au pinceau. Jeune homme, avec son ami Henri Matisse, ils s’installaient tous les deux à une terrasse de café, et faisaient des concours de rapidité de croquis, prenant pour modèles les passants, ou les colporteurs. 

Cette rapidité d’exécution se retrouve dans cette toile. Si on s’en approche, on se rend compte que les baigneurs, la femme de dos, ou les embarcations au loin, sont à peine esquissés. Comme si Marquet s’en tenait à l’essentiel, ce qui est le comble du talent, quand d’autres artistes méticuleux se rassurent en se perdant dans tant de détails inutiles. 

Et puis enfin, il y a ce goût de la couleur, des ombres, et de la lumière. Et on peut se demander si Marquet a d’abord peint la mer pour y ajouter les arbres dans un deuxième temps, ou bien l’inverse. Et en y regardant de plus près, on constate qu’il a d’abord peint la végétation, et qu’il a rempli les espaces vides avec le bleu de la mer ensuite. 

Décidément, Albert Marquet n’était pas un artiste conventionnel.

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