Kermesses, fêtes de la Rosière, danses de noces..., ces thèmes issus du folklore paysan sont souvent illustrés au 16e siècle dans des dessins ou des gravures d'artistes flamands. Pieter Bruegel l'Ancien est l’un des premiers peintres à s'inspirer des récits de ces estampes populaires, souvent de qualité artistique médiocre, pour les élever au rang de scènes réelles de la vie.
Connu pour ses tableaux de fleurs et pour son amitié avec Rubens, Jan Brueghel copie ici un modèle inventé par son père Pieter l’Ancien (1525-1568) et diffusé par la gravure. De ce thème populaire, repris pendant plus de vingt ans, dans près de cent variantes, il reprend la composition ovale, le mouvement houleux des figures et la répartition chromatique harmonieuse.
Extrêmement minutieux, le dessin de l’artiste s’attache au rendu des physionomies, des vêtements et de la végétation qui forme un véritable écrin à la scène. La mariée, assise face au spectateur, reconnaissable à la couronne nuptiale disposée au-dessus de sa tête, semble attendre sans joie que son époux compte l’argent de la dot. Des couples s’embrassent ou dansent au son de la cornemuse. Les tons vifs, l'observation minutieuse de l'herbe et des plantes au premier plan, les reflets scintillants de certains habits, les visages finement modelés, l'aspect chatoyant et frémissant de l'ensemble sont autant de caractéristiques qui ont valu à Brueghel le surnom de Brueghel de Velours, le différenciant de son frère et permettant de lui attribuer le cuivre avec certitude. Son style raffiné semble inimitable et pourtant il n'a cessé d'être copié.