Le Triomphe de Silène

Karel Philips Spierincks

Image

Date :  vers 1630
Technique : huile sur toile
Dimension : 101 x 124 cm (sans cadre)
Acquisition : don de la Société des Amis du musée des Beaux-Arts de Bordeaux en 2020
N. Inv : Bx 2020.4.1
Exposé
Crédit photo : F. Deval, mairie de Bordeaux

Zone de contenu

Renouant avec les bacchanales de l’Antiquité et de la Renaissance, qui exaltent la poésie des mythes antiques et reflètent le foisonnement culturel des années 1630 à Rome, cette toile de Karel Philips Spierincks (1600-1639) met en scène Silène, père spirituel et nourricier de Bacchus.
 
Fidèle aux descriptions des sources écrites, la divinité est figurée ventrue et enivrée, hissée sur son fidèle âne, soutenue dans son ivresse par une figure à cornes évoquant Pan (divinité de la nature) et un faune (un demi-dieu homme-bouc), qui initie un enfant satyre (demi-dieu des bois) aux bonheurs du vin.
 
Ce groupe central, éclairé par une lumière crépusculaire qui pénètre l’ombre des bosquets d’un paysage verdoyant, est suivi d’un joyeux cortège composé de ménades (des femmes-nymphes accompagnant la divinité) et de satyres adultes.
L’un brandit d’une main une couronne de lierre dédiée à Silène victorieux et de l’autre, charme une jeune femme tenant dans les plis de sa robe du raisin.
 En bas à droite, d’autres enfants satyres et des putti (des angelots nus, représentants du dieu Amour) participent aux festivités et s’amusent du bonheur régnant. Épuisé par tant de réjouissances, l'un d'entre eux s'est endormi.

Karl Philips Spierincks traita ce thème à plusieurs reprises dans sa carrière, toujours avec cette même finesse du dessin.
Les guirlandes de lierre encerclant les enfants-satyres sont d’ailleurs considérées comme une forme de signature de l’artiste.
Le traitement des enfants témoigne de l’étroite collaboration avec le sculpteur François du Quesnoy (son ami et colocataire à Rome pendant dix ans) alors que les faunes semblent fortement inspirés de la Grande bacchanale de Nicolas Poussin (précédent colocataire de François du Quesnoy).

Si la figure de la divinité va ici à l’encontre du « beau idéal », la rhétorique des gestes convergeant vers le groupe central, l’expression des affetti (les sensations et passions ressenties) et le respect du décorum offrent une composition très lisible, conforme aux préceptes prodigués par Poussin et connus de son cercle intime.