Ce pastel est une œuvre majeure de la fin de vie de d’Odilon Redon (1840-1916), telle une synthèse de son art.
Le sujet religieux n’est qu’un prétexte à montrer un paysage onirique et fantastique. Saint Sébastien, les mains liées aux branches d’un arbre dénudé, est transpercé de deux flèches. Tombé à terre et provenant de ses blessures, le sang semble faire jaillir des fleurs au sol, telles des taches lumineuses laissées par les gouttes sanglantes.
Symbolisant la jeunesse et la pureté martyrisées, ce thème de Saint Sébastien a été traité plusieurs fois par Redon au fil de sa carrière : nous pouvons retrouver des études sur le sujet dans ses carnets, dès les années 1864-1865.
Les couleurs ont un caractère irréel : les rochers mauves de l’arrière-plan entourent d’une sorte d’aura le corps fragilisé du saint martyr, le ciel bleu turquoise est traversé de nuages dorés, l’arbre est ombré d’une touche de pastel rouge. Cette extraordinaire audace chromatique est caractéristique de la nouvelle période de Redon longtemps voué au seul usage du noir et blanc.